Magma et métamorphoses sous la tempête

Publié le 5 novembre 2023 - Permaculture

De quoi parle t’on ?

Définition : Violente tourmente atmosphérique,

Perturbation atmosphérique importante sur terre ou sur mer, caractérisée essentiellement par un vent violent (souvent accompagné de précipitations) et, en mer ou sur un lac, par de fortes vagues.

Elles se forment par le conflit entre une masse d’air froid d’origine polaire et une masse d’air chaud subtropical.

La tempête s’installe lorsque le point d’équilibre est rompu. Quand l’alternance des polarités, source d’équilibre, n’est plus possible. Il en résulte un excès, une domination, un point de rupture nommé perturbation, conflit. les discontinuités entre masses d’air étant nommées fronts.

L’intensité du phénomène est calculé par la vitesse des vents.

Modéré (10 à 40 km/h)

Fort/venteux (41 à 60 km/h)

Très fort/coups de vent (61 à 90 km/h)

Très fort/force de tempête (plus de 91 km/h)

D’ailleurs , quelle drôle d’idée de donner aux tempêtes, aux cyclones, aux dépressions, des noms de femmes et d’hommes. Ils seront à tout jamais associés aux dégats que ces perturbations auront causés sur leur passage. Aux traumatismes laissés par l’arrachement des toits, des arbres, et parfois des vies humaines.

Danger et protection

On a appris avec tristesse, le déracinement du fameux hêtre de Ponthus, dans la forêt de Brocéliande. Ce géant, vieux de 300 ans, a succombé sous le vent. Son cycle de vie était arrivé à sa fin. Il restera dans les mémoires, et les photos emblématiques de la forêt de Paimpont.

Les garde forestiers de la forêt du Gâvre déconseillent aux groupes de se balader, lorsque les vents dépassent les 30km/h. Ils protègent la population de l’arrachage d’arbre sous la pression du vent, le déracinement, et les fractures de branches. A chaque petite accalmie, les services des espaces verts des villes, l’onf sont sur le qui vive, pour établir le diagnostic des dégats causés par la tempête. Ils font de leur mieux pour débiter le bois des arbres couchés, le plus rapidement possible, afin de dégager le passage, et de réduire les risques. D’autant plus, lorsque des vents de 150km/h sont annoncés. Car des études montrent que tous les arbres cassent sous la pression de vents d’une telle violence. Des chercheurs de l’école polytechniques, s’appuyant sur les théories de fracture et de mécaniques des fluides appliquées aux objets, et aux données physiologiques, en sont arrivés à ces constats :

Plus un arbre est haut, plus son tronc est large, plus la force imposée est répartie sur une surface large et plus la contrainte exercée est faible.

Le second : plus un arbre est large, plus l’effort dû au vent est subi sur une surface importante. Enfin, « un élément de mécanique des fractures : plus un arbre est large, plus il existe de chances statistiques que les défauts du tronc soient gros et donc qu’il casse à une faible contrainte.

Physical Review

Adaptation et résilience

Par ailleurs, la cambrure des arbres est observée. Sur les côtes vendéennes, de drôles de silhouettes se sont formées dans les dunes : des arbres couchés, tordus, tarabiscotés. Les pins, les cyprès, les chênes verts ont adoptés des courbures incroyables, pour résister à la force des vents. Ils suivent ainsi le sens du vent, afin de poursuivre leur croissance. Ils sont déterminés à survivre malgré un contexte de stress intense. Ils forment de micro massifs couchés, sorte de haies préventives pour les grandes futaies de pins maritimes. Ces transformations sont appelés des anémomorphoses. Elles traduisent la capacité de nombre d’essences d’arbres à modifier leur port ou silhouette en fonction des éléments naturels qui s’imposent à eux, une forme d’adaptation extrême nommée plasticité phénotypique. Ce dernier adjectif indique qu’il s’agit de transformations n’affectant pas le génome et donc non transmissibles aux générations suivantes. zoom-nature.fr/face-contre-terre/

Le plus étonnant, c’est que ces transformations ne se produisent pas sous tous les vents ! Des chercheurs ont démontré qu’elles étaient plus fortes sur les périodes de croissance des jeunes pousses. La stratégie est alors claire. Protéger et permettre la survie des petits en milieu hostile ! Des capacités d’adaptation et de résilience exceptionnelles.

Cela a surtout lieu avec les vents du début du printemps et en début d’après-midi, les deux périodes où l’activité des jeunes pousses en croissance est maximale ;

LES ANEMOMORPHOSES VEGETALES : QUELLE SIGNIFICATION GEOCLIMATIQUE REELLE ? Olivier CANTAT, Edwige SAVOURET et Laurent BRUNET. Climatologie, vol. 6, 2009

Se réfugier

L’alerte Préfecture a été donnée, de fermer les parcs et jardins des villes. Nous avons dû reporter les 2 bains de forêt prévus, à Touffou et dans le val de Chézine. Une occasion pour moi de trouver refuge dans ma maison, et de me reposer. Avec un peu de mélancolie. J’écris …

Jour de tempête. Le vent souffle fort sur la Bretagne. Le vent emporte avec lui, les feuilles d’automne. Elles tombent en tourbillonnant ! Il fait du ménage, il balaye ce qui est mort, ce qui doit être recyclé, pour laisser place nette pour la vie. Il fait des dégâts sur son passage. Et laisse place à la désolation. Des toits arrachés, des arbres déracinés. Mais il a bien son utilité ! Les claves du carillon s’emballent. Les objets mal arrimés, s’envolent. Derrière ma fenêtre, au chaud dans ma maison, je mesure mon privilège d’être a l’abri. Et j’imagine dans la nature, les stratégies des oiseaux, des petits rongeurs, des insectes pour trouver refuge. Dans la cavité d’un arbre, sous terre, dans une haie bien solide, derrière un muret de pierre. La patience est de mise. On sait que tout passe. On ne sait pas combien de temps ça dure… Mais après la tempête, vient le calme. Douce harmonie des polarités, du yang et du yin. De l’alternance du jour et de la nuit.

En ce 2 novembre, jour de mélancolie . Je me souviens de l’enterrement de ma mère, il y a 7 ans. La fin d’un cycle, pour une renaissance. Elle laisse un grand vide derrière elle. Chacun a poursuivi son chemin, et L’honore a travers la vie qu’il mène. Elle serait fière de voir l’épanouissement de chacun de ses petits enfants. Je lui dédie donc ces quelques lignes. Pour lui dire que je l’aime et qu’elle me manque. Je me remémore nos belles soirées, autour du feu de cheminée de la maison de Pornic, ou du grand feu de la st jean. Soirées d’émerveillement, de contemplation, de joie partagée, et d’amour. J’ancre cet amour dans mon coeur pour le partager a mon tour.

Enseignements de la tempête

La tempête nous rappelle l’impermanence de la vie. Nous invite à lâcher le contrôle. Elle nous rappelle l’importance des cycles. Nous invite à faire du tri, à recycler, à jeter, à donner, à exprimer ce qui ne nous est plus utile. C’est le moment de prendre conscience et de laisser aller, les croyances , les loyautés, les schémas relationnels, qui nous bloquent sur le chemin de notre épanouissement.

Sinon, nous prenons le risque, en refoulant nos colères, en niant nos tristesse, en oubliant nos peurs, d’entretenir un magma interne, néfaste pour notre équilibre. Tel le hamster pansouillard (Serge Marquis), nous tournons dans notre roue, sans pouvoir nous en échapper. Comme la cocotte minute, sous tension, sous pression, nous prenons le risque d’exploser. En créant des amas, des stagnations, des inflammations dans le corps. Ou en prenant le risque de nous déguiser en dragon déchainé dans l’incapacité de maitriser notre feu.

Alors à l’image de l’arbre dans la tempête, solidement ancré, enraciné. Mais quand même bien secoué. Nous pouvons laisser tomber les feuilles, élaguer nos branches usées ou abimées. Avec la certitude que quelque chose d’autre peut renaître. Juste en observant la dégradation de la feuille, le travail des vers de terre, des bactéries, des champignons, nous pouvons nous extasier devant tant d’harmonie et de sagesse. Ces feuilles dégradées, mélangées aux insectes en décomposition, aux tiges, aux branches cassées, vont former une couche protectrice à la superficie de la terre, pour réchauffer les jeunes pousses et graines enfouies. Sous ce terreau fertile, exposés à plus de lumière, humidifiés par l’eau, nourris par les minéraux, la graine cassera sa carapace, son bouclier protecteur, pour jaillir à la surface. Ce sera le printemps, et la période d’expansion. En attendant, prenons le temps de nous poser, de nous reposer, de nous recharger, et de nous questionner.

Quelles sont les branches et les feuilles que j’ai besoin d’enterrer, de recycler ?

Quelles sont les graines que je veux laisser en dormance dans ma terre fertile ?

Quelles sont les formes que je veux voir jaillir de la surface de la terre, au printemps ?

Soyez certain.e que ce magma intérieur de peur et de culpabilité, conscientisés, et régulé, pourra se métamorphoser en magma source de Créativité, et d’expression de la belle personne que vous êtes. Même la tempête, n’oubliez pas de nourrir votre être d’amour. Aimer ses choix, même s’ils ne sont pas parfaits. Aimer la maman, le papa en nous, même s’il n’est pas parfait. Aimer l’homme ou la femme que nous sommes, dans toutes nos parts d’ombre et de lumière. Même s’il n’est pas parfait. S’enraciner dans une terre fertile, être solide, pour être capable de traverser les tempêtes, sans s’écrouler, ou nourrir l’envie de se venger.