L’orme : faire de nos expériences et de nos blessures, une force

Publié le 9 mai 2021 - Sylvothérapie

Je ne connaissais pas l’orme. Je mettais le charme, le noisetier, l’hêtre, l’orme dans le même paquet. Leurs feuilles gaufrées me semblaient de loin, très semblables. D’autant plus, quand elles se trouvent dans des haies buissonnières, régulièrement taillées. Pourtant, quand on s’y penche d’un peu plus près, on commence à en comprendre différentes caractéristiques. Le charme est à dent, alors que l’hêtre est à poil – ce qui nous vaut ce moyen mémo technique. Le charme d’Adam est d’être à poil ! Pour distinguer l’orme du noisetier, ou du tilleul, il faut observer la feuille. Quand on observe la base de la feuille, elle est toujours asymétrique. Au toucher, les feuilles sont très fermes, je dirai même gaufrées.

Ses fruits sont des samares munies d’une aile, pour se disséminer plus loin. Son bois est prisé car il résiste au choc, est compact, durable et résiste à l’eau. Les racines superficielles drageonnent et forment de véritables bosquets autour de l’arbre mère.

Autrefois on fabriquait les navires moins bien et ils duraient davantage (…). Nous ferons peut-être la coque en orme. L’orme est bon pour les parties noyées; être tantôt sec, tantôt trempé, ça le pourrit; l’orme veut être toujours mouillé, il se nourrit d’eau. Hugo,Travaill. mer,1866*

Attendre sous l’orme

Autrefois, ces arbres rustiques étaient nombreux sur les places du village, où se trouvaient le centre de la vie sociale. Il a été décimé par un champignon venu d’Hollande, appelé la graphiose. C’est sous cet arbre que les parties opposées étaient réunies par les sages, pour arbitrer leurs problèmes et désaccords. Il n’était pas rare non plus, que les personnes fuient ce procès, et ne se présentent pas. Du coup, au XVIIe siècle, l’expression a été employée ironiquement pour proposer un rendez-vous auquel on n’avait aucune intention de se rendre. **

Ainsi, lorsqu’un différend éclatait entre les deux personnes, on avait coutume de les placer sous l’orme, l’une à droite, l’autre à gauche de son tronc, jusqu’au moment où une feuille tombait de l’arbre sur celle qui, selon ce jugement, était dans son droit ou avait dit vrai. Car pour les villageois du Moyen Âge, l’orme était un père, un grand maître de sagesse qu’ils pouvaient venir consulter tout à loisir et qui, donc, rendait la justice avec impartialité.*

Un arbre complet : il détoxifie, nourrit, permet de lâcher prise, et d’aller de l’avant.

Dans les croyances populaires, on pensait que l’orme absorbait les mauvaises énergies. On dit qu’il est « mangeur de maladies psychiques « . Ce que l’on peut constater aujourd’hui, c’est qu’il absorbe la pollution atmosphérique. *** En phytothérapie, on utilise l’écorce interne des jeunes rameaux de l’orme rouge, Ulmus rubra ou fulva, pour détoxifier et adoucir. C’est une plante nutritive, douce, qui convient aux malades, aux convalescents, aux muqueuses irritées, aux épuisés. Elle a une action émolliente et astringente, qui calme les irritations et absorbent les poisons et toxines ****. On pourrait dire que grâce à l’action détoxifiante de l’écorce interne, elle permet d’éclaircir le terrain, et aux bourgeons et à la fleur de prendre le relais.

En gemmothérapie, le bourgeon permet le lâcher prise et le détachement. Il est utilisé comme remède de transition. Il fluidifie la communication du poumon avec ses 3 émonctoires: communication avec l’extérieur par la peau. Communication avec l’extérieur en soi, avec les intestins. Communication avec soi même, avec les articulations. Il permet d’ouvrir les portes de l’inconscient et de l’intuition. Il a donc une action spécifique sur la peau, les muqueuses, les séreuses. Au niveau neurologique, il améliore le sommeil paradoxal.

L’élixir floral ramène l’espoir que l’avenir est de nouveau atteignable. La fleur de l’orme est « la fleur de la responsabilité ». Elle permet d’aller « du doute de ses capacités… vers la confiance en soi ».

C’est donc un arbre complet sous lequel il doit être bon de méditer souvent.

Sources d’inspiration : Luminessense – p.419.https://www.cnrtl.fr/definition/orme* – Didier Colin, Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes- Mechthild Scheffer, Les Fleurs du Dr. Bach, Le Chemin de l’harmonie psychique – www.expressio.fr** – Phytembryothérapie, Ledoux, et Guéniot*** – Materia Medica, floramedicina ****