Le sequoia toujours vert – un grand à l’écorce tendre et moelleuse. Une antenne pour tous les amoureux de la nature et des parcs nantais.
Le hasard n’existe pas. En cette journée d’équinoxe, rien de ce qui était inscrit dans mon agenda s’est déroulé comme prévu. Cela a commencé par le fait de ne pas avoir la voiture, mais plutôt le vélo, pour parcourir 7km au petit matin. J’ai dû foncer a travers la ville, pour être sûre d’être à l’heure pour l’accompagnement d’un rendez-vous pas très agréable à l’hôpital. Dans cette course, j’ai choisi de passer par les parcs de la ville. Dans le stress du matin, la nature m’a obligée à ralentir. Brume matinale sur la mare. Décor fantasmagorique, d’un automne qui démarre. Des grilles fermées pour passer d’un parc a l’autre. Qu’à cela ne tienne. Je grimpe, je contourne, je poursuis mon chemin. L’est s’est embelli d’un soleil levant d’automne rougeoyant. Je ne le sais pas encore. Mais aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec mon adolescence. Il s’est écoulé 33 ans depuis notre dernière rencontre. Des années lycée, bercées par un éveil commun à la philosophie, au sens de la vie. Je retrouve mon amie, comme si le temps n’avait pas eu l’espace pour laisser une empreinte. Nos cœurs réunis, nous partageons nos chemins ; qu’il est doux d’observer les épreuves, d’écouter le parcours, les ressorts, les joies et les peines. En cette saison de transition vers plus d‘introspection, nous faisons ensemble le bilan de ces années. Je réalise que mes choix n’ont pas toujours été aisés. J’ai opté pour la complexité, des terrains incultes à défricher. J’ai refusé de me ranger dans un casier. Pour aller vers la rencontre des mondes, des cultures. J’ai fait le pari qu’en chacun de nous, des graines peuvent germer pour devenir des plantes merveilleuses. Même au plus profond d’une prison, d’un quartier hostile, d’un bidonville, ou d’une famille toxique, des potentiels, des prises de conscience, des trésors insoupçonnés, peuvent émerger.
Au retour de cette belle journée, le soleil de l’ouest, a éclairé les grands séquoias du parc des Dervallières avec puissance et beauté. Au point de freiner mon pédalage, et de m’y arrêter. Le vélo dans une main, en équilibre incertain, je pose l’autre main sur l’écorce fibreuse et moelleuse de l’arbre le plus proche.
Ils sont immenses, et le vert de leurs branches, contraste avec le rouge de leur tronc, et de leurs aiguilles séches jonchées au sol. Je ressens une connexion d’ancrage au sol allant à l’énergie de mon cœur. Je ressens une profonde gratitude pour ces ancêtres qui ont traversé le temps, et vu tellement de transformation et d’évolution. Ils sont le symboles de la longévité, de la force et de la reproduction. La magie du sequoia c’est d‘être capable d’émerger du feu : il ne peut se reproduire qu’avec la chaleur du soleil. Il résiste particulièrement bien aux incendies, à l’humidité, par la qualité de son bois imputrescible.
« Jamais un arbre n’a été adoré rien que pour lui-même, mais toujours pour ce qui, à travers lui, se révélait, pour ce qu’il impliquait et signifiait. ». Jacques Brosse (Mythologie des Arbres)
Il fait rejaillir en moi, la confiance, la force de vie. Il me fait réaliser la force de la créativité dans des environnements parfois hostiles. Il m’inspire un sentiment de sécurité profonde et de confiance pour un avenir serein. C’est un sage réconfortant, rassurant, au milieu de cette ville trépidante. A cet instant, il se laisse pénétrer par la lumière, pour à son tour, la diffuser.
Cet esprit de la forêt nous élève dans ses branches afin que nous puissions voir clairement, non seulement le moi, mais toute l’humanité.