Quand le monde divague, le vague à l’âme s’enflamme
L’excitation du printemps est bien là. Je constate comme j’occupe mes journées à être en lien avec la vie, la matière pour me sentir ancrée. Je range, je fais du tri, je nettoie mes placards. Je donne, je jette, je redistribue dans l’optique du mouvement. Je gratte la terre, j’observe les lombrics, l’humus, les jeunes pousses du printemps. Je marche, je pédale, je danse.
Mais aujourd’hui … je sens une lassitude, un sifflement dans mes oreilles, une brume mentale qui m’oblige à faire une pause. J’ai beau vouloir m’écarter des informations, des injustices de ce monde, des conflits et des tensions, je sens en moi une tristesse immense. Un constat amer d’un éternel recommencement. D’êtres humains incapables de faire preuve d’humilité, orgueilleux et tout puissants. Capables de déployer un arsenal de violence, d’injustice, de discrimination, pour garder la propriété d’une terre, qui ne lui appartient pas.
Nous sommes les gardiens de la terre, de ses arbres, de ses fleurs, de ses enfants. Nous avons la responsabilité, la mission d’en prendre soin. C’est un dépôt, un bien confié, pour trouver l’équilibre, la santé, et s’y épanouir. Le conflit, les épreuves, les obstacles, les pertes, font partie des aspérités de la vie. Ils nous enseignent, nous font grandir. Mais quand ils sont sources de destruction … tout s’arrête dans la sidération. N’avons nous pas compris les leçons de l’histoire ? N’avons nous pas appris des blessures de nos aïeux ? Nous courons après du matériel qui n’est qu’éphémère. Nous produisons plus, pour jouir de confort, de déplacements rapides, sans nous soucier des conséquences de nos actes. C’est à l’image du dragon destructeur, en colère, agressif, qui brûle tout sur son passage, sans se soucier des conséquences. Il apaise son démon intérieur par l’anéantissement de toute vie autour de lui. Et il s’auto détruit !
Prenons un instant … Et méditons …
Me vient en tête, le spleen de Charles Baudelaire, apprise et décortiquée dans mes études de lycéenne.
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l’Espérance, comme une chauve-souris,
S’en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D’une vaste prison imite les barreaux,
Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir,
Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Comment trouver l’équilibre en zone de conflit, de tristesse, de blessure ?
Je reviens aux 5 blessures de l’âme, de Lise Bourbeau, ou aux merveilleux livre de Colette Portelance, que la relation d ‘aide. Des grilles de lecture éclairantes, pour mieux comprendre les défenses, et les besoins non répondus. 5 blessures de l’inconscient dans l’enfance, sont identifiés : Le rejet, l’abandon, l’humiliation, la trahison et l’injustice. Notre attention est attirée sur les masques que nous portons, pour nous défendre quand nous sommes déclenchés. Ce sont des attitudes réactionnelles, plus fortes que soi, qui viennent souvent court circuiter nos relations, et peuvent nous entrainent dans des répétitions sans fin. Le constat : c’est qu’elles nous éloignent de notre véritable identité, et viennent étouffer notre capacité à ETRE.
Alors comment guérir de nos blessures, et nous réconcilier avec nous mêmes ?
1 – Prendre Conscience
Reconnaissons les zones de conflits internes, de tiraillements. Ce qui nous déclenche, et ce que nous provoquons. Osons regarder toutes les parts de nous mêmes. Risquons nous à mettre en conscience, nos parts obscures, nos peurs de perdre, de mourir, nos parts de manipulation. Dans toute sorcière ou sorcier, se cache la part de la guérison, mais aussi celle du maléfice, de l’empoisonnement. Observer ces parts, permet de passer du négatif à la photo. De regarder l’image plus clairement, et de la reconnaître.
Une fois votre (ou vos blessures) mise à jour, acceptez-là comme étant la vôtre, indépendamment de celui ou celle qui vous l’a infligée (même si vous êtes absolument autorisée à lui en vouloir !). Il est essentiel de prendre la responsabilité de ses propres ressentis pour se déconditionner de l’emprise d’autrui sur soi et sur ses états d’âmes.
2 – Accepter
Prenons de la hauteur et du recul, et regardons ces parts plus sombres de nous mêmes, avec tendresse. Rappelons nous ce qui vient raisonner de notre enfance, de nos peurs inconscientes, de nos cicatrices ancestrales. Apprenons à nous câliner, à nous prendre dans les bras, nous bercer, nous sécuriser. Enveloppé dans un bon châle, auprès du feu, avec une tasse de thé. Imaginons cette chaleur qui vient nourrir nos reins, et apaiser notre mental. C’est un peu comme apprivoiser notre dragon, et lui dire avec gentillesse, comme nous sommes touchés par sa colère, sa tristesse et ses émotions. Mais nous n’avons pas envie d’en subir les conséquences.
Repérer la peur et l’angoisse qui surviennent quand une situation relationnelle réactive, ou risque de réactiver, la blessure fondamentale, permet d’identifier nos stratégies de défense, c’est-à-dire notre masque.
3 – Transformer
Rappelez vous, cette phrase répétée dans le film Avatar : JE TE VOIS. C’est toutes les parts qui sont vues ; les obscures et les lumineuses. C’est ce qui crée un attachement serein, une estime de soi, un lien sain avec les autres. Je vous recommande chaudement la lecture du livre de Gwenaelle Persiaux, très éclarant sur cette question. Progressivement, il deviendra possible de trouver l’harmonie, en reconnaissant ses besoins, en clarifiant sa pensée, en exprimant ses limites.
Au fond du trou noir, acceptons d’avancer avec nos peurs. Dans le vide abyssal, les poissons se sont adaptés. Ils ont développés des lumières phosphorescentes pour être vus, des signaux lumineux pour être reconnus, et être en lien avec les autres. Ils n’ont pas peur du noir, du silence, et de leur part effrayante. Ils traversent l’obscurité avec leurs corps translucides de couleurs.
Mettons nous en marche ; prenons le temps de dérouler un pied après l’autre, sur la terre meuble. Sur cette pelouse verte, observons la blancheur des paquerettes, comme la voie lactée dans le ciel obscur. La luminosité des fleurs de pissenlit. La délicatesse du mauve des violettes.
C’est aujourd’hui, un drapeau VERT que je veux planter sur nos crânes embrumés ! Le drapeau du renouveau, de l’espoir, de la lumière. Ayons confiance en chacun de nous, pour trouver l’équilibre. L’étincelle de vie dans les Reins. Le carburant dans le Rate et les Poumons. Le Moteur dans le Coeur. Sondons cette partie profonde de notre être, acceptons l’inconfort, pour trouver la tendresse et l’harmonie avec soi. Et nous finirons par trouver l’AMOUR et la PAIX, pour bâtir et vivre ensemble.
Sources d’inspiration : Les 5 blessures qui empêchent d’être soi même, Lise Bourbeau – Guérir des blessures d’attachement, Gwenaelle Persiaux – Relation d’aide et amour de soi, Colette Portelance.