Je sors du cinéma, troublée, touchée émotionnellement par le film One Love. Je savais qu’en me remémorant l’histoire de Bob Marley, je ne resterai pas insensible; Je réalise à quel point ses chansons ont traversé ma vie, sans en avoir vraiment conscience. L’histoire du film commence en 1971 et se termine en 1981 . Mes 10 premières années de vie, marquée par ma naissance, et par l’espoir d’un changement de société en France, grâce au passage de la gauche au pouvoir. J’étais trop petite pour choisir d’écouter du reggae. Le style de la maison., c’était plutot : les chansons francophones : Piaf, Brel, Aznavour, Barbara, Brassens, Ferré, Ferrat, Anne Sylvestre … l’album pour soutenir le peuple chilien, le peuple argentin, cubain,les chanteurs kabyles, les fados portuguais, les chants bulgares, roumains… Peut-être que Bob était trop « américain », trop associé à la fumette de ganja, trop spirituel, trop décadent, pas assez politique. Et pourtant, c’était tellement proche de mes lectures futures d’André Brink contre l’esclavage, des chansons de Johnny Clegg contre l’apartheid, des dénonciations des oppressions contre le peuple juif par le nazisme, des films qui dénonçaient la guerre froide entre les blocs de l’est et de l’ouest. De toutes ces grandes colères, rebellions, dénonciations des dominations politiques, économiques, des inégalités.
Mon mariage avec Fode, n’est certainement pas une coincidence. Nous nous sommes retrouvés dans les mêmes combats, les mêmes sensibilités, les mêmes valeurs d’engagement pour les autres. Une manière inconsciente de réparer ensemble nos blessures profondes. Et de cheminer spirituellement, main dans la main.
Ooh, yeah ; well, alright
Oh ! Oui, c’est parfait comme ça.
We’re jammin’
On fait la fête,
I wanna jam it with you
Et moi, je veux faire la fête avec toi.
We’re jammin’, jammin’
On s’est tous rassemblés pour s’amuser,
And I hope you like jammin’ too
Alors, j’espère que toi aussi, tu aimes t’amuser.
Ain’t no rules, ain’t no vow
On n’a pas de règles, on n’a pas de promesses.
We can do it anyhow
On peut faire ce que l’on veut,
I and I will see you through ‘
J’ai vite compris votre petit jeu,
Cause every day we pay the price
Parce que nous en payons le prix tous les jours.
We are the living sacrifice
Nous sommes le sacrifice vivant,
Jammin’ till the jam is through
Et nous allons faire la fête jusqu’à ce que la soirée soit finie.
Le poing levé, sur les épaules de mes parents, dans les manifestations, dans les pantalons de ma mère (et non les jupes!) à écouter les soirées animées de refonte du monde. C’est ce que ce film vient ranimer chez moi. Comment agir contre les injustices ! Ce génocide qui se poursuit à Gaza. Ce peuple du Yemen qui meurt en silence. Et toutes les autres infamies et abominations de ce monde, qui en toute puissance, au nom du pouvoir, de l’hégémonie, de l’argent, tue sans scrupule, et prend en otage des populations. On peut se perdre dans les combats, passer à côté de l’essentiel, de nos familles, de nos enfants, de nos amis. Je n’ai plus envie de défiler dans les rues, de crier la haine, de vomir mon dégout. J’ai envie de vibrer « one love », l’unité ! Favoriser l’harmonie, la paix, la reconnaissance de tous, pour être dans l’unité du monde, et de l’univers. Je le fais à ma manière. Dans mes prières. Dans ma connexion à la nature, dans ma transmission de la beauté du monde. Dans l’amour et la joie que je peux partager avec les autres !
One love
Let them all pass all their dirty remarks
Laisse-les dire toutes leurs sales remarques
There is one question I’d really love to ask
Il y a une question que j’aimerais vraiment poser
Is there a place for the hopeless sinners
Y a-t-il une place pour le pécheur désespéré
Who has hurt all mankind just to save his own beliefs
Qui a fait souffrir toute l’humanité juste pour préserver son seul intérêt
Bob Marley, c’est le fruit du métissage, de l’abandon d’un père blanc, de la misère d’une mère noire en Jamaique. Pris en otage par les politiques, après le départ du Royaume Uni, les clans opposés se tuent en pleine rue. Reculés dans les montagnes, proches de la nature, et inspirés par la marijuana, les rastas ont choisi une autre vie, un autre Dieu, une source de paix à travers la musique. Comme beaucoup de musiques noires, le blues, le soul, le gospel. Ils racontent ainsi leur douleur, leur souffrance, et font monter leur plainte ensemble, pour être entendus, soutenus, protégés.
Il est accompagné par une femme incroyable, Rita. Qui l’enveloppe d’un amour inconditionnel. Dans ses descentes et ses épreuves, elle lui rappelle, comme une muse, sa mission de vie . Créer l’harmonie, et l’unification de son peuple. Transmettre l’amour à travers sa musique. Il a mis son cœur à l’ouvrage. Avec courage , il est revenu en Jamaïque. Et a uni les mains des anciens adversaires.
No woman no cry (x2)
Femme ne pleure pas (x2)
Hey little darling don’t shed no tears
Oh ma petite chérie, ne verse pas de larmes
No woman no cry
Non femme ne pleure pas
Je n’ai jamais été rasta. Je n’ai jamais fumé de ganja. Je ne partage pas leur Foi. Pour autant, j’admire ces formes de résilience, de métamorphoses, de tranformation dans la fraternité et l’amour. Dans l’épreuve, on s’unit, on se serre les coudes, on chante, on s’élève, on construit une bulle que rien ne peut atteindre. Avec des convictions, et une confiane absolue, tout est possible. On dépasse le « je » pour construire le « nous » ! On se rappelle que le passage sur cette terre n’est que le temps d’un clin d’oeil. Alors au service de quelle cause, mettons nous notre énergie ?
One love, one heart
Un amour, un cœur
Let’s get together and feel all right
Réunissons-nous et nous nous sentirons bien
Hear the children cryin’
Entendez-vous les enfants pleurer
Hear the children cryin’
Entendez-vous les enfants pleurer
Sayin’, give thanks and praise to the Lord
En disant, remercions et louons le Seigneur
And I will feel all right
Et je me sentirai bien
Sayin’, let’s get together and feel all right
En disant, réunissons-nous et nous nous sentirons bien
Je regardais hier un reportage de National Géographique, dans lequel un biologiste de 80 ans, avait constitué une équipe pour aller à la découverte d’une partie inexplorée de l’Amazonie. Il a dû renoncer à sa quête, physiquement, car son corps ne lui permettait plus d’arpenter les chemins trop dangereux. Mais il continuait dans son périmètre, de prélever des grenouilles, des serpents, des araignées… pour faire avancer la science, et clamer l’importance de préserver la biodiversité.
A travers le témoignage de ces astronautes, qui ont vu la terre d’en haut, et leur regard époustouflant du monde, on découvre que notre système est harmonieusement agencé. Ils nous font réaliser, que les tempêtes du désert transportent le sable de l’autre côté du continent, en Amazonie. Ils peuvent observer ces trainées marron traverser le globe d’un bout à l’autre. Le sable se pose dans la litière de la forêt, et fournit un engrais et des minéraux nécessaires à la croissance de la végétation. L’oxygène produit par la croissance de la végétation est entièrement consommé par les espèces vivantes de la forêt. Cette information déstabilise notre certitude que l’Amazonie est le poumon de la planète, et qu’elle nous fournit l’oxygène. Elle ne le fait pas directement. Les gouttelettes produites par l’évaporation et la respiration des arbres, crée une rivière de nuage au dessus de la forêt. C’est ce nuage blanc épais, qui empêche les astronautes d’observer la canopée, la cîme des arbres ! Cette rivière de particules d’eau formée en vapeur, se fracasse sur la barrière de la cordillère des Andes, et crée des précipitations emportées par les fleuves, et chargées d’oxygène. Elles rejoignent l’océan. Et nourrissent des organes microscopiques nommées les diatomées . Elles se voient de l’espace comme de grandes étendues vertes fluorescentes, dans le bleu de l’océan. Ces diatomées nous fournissent en oxygène, et meurent. Elles s’entassent dans les fonds océaniques. Et on les retrouve dans les désert d’Ethiopie, ancien fonds marins. La boucle est bouclée !
Les Bacillariophyta, ou Diatomées, sont un embranchement d’eucaryotesunicellulaires (de deux micromètres à un millimètre) présents dans tous les milieux aquatiques et majoritaires dans certains biofilms3 (avec une préférence pour les eaux froides) et enveloppés par un squelette externe siliceux nommé frustule. Les diatomées peuvent être libres ou fixées, et vivre isolées ou en colonie. Les formes pélagiques appartiennent au phytoplancton, les formes benthiques appartiennent au microphytobenthos. Les diatomées sont un constituant majeur du phytoplancton participant à 50 % de la production primaire océanique globale4. Comme toute algue, la cellule d’une diatomée possède des chloroplastes pour sa photosynthèse. Les échanges avec le milieu extérieur se font au travers de nombreux orifices très fins qui traversent la frustule et qui sont disposés en lignes (droites ou courbes) ou en réseau, selon un motif propre à l’espèce. Ces ornementations sont ainsi utilisées pour la classification. Ces protistes sont d’importants producteurs d’oxygène et jouent un rôle primordial dans la vie des écosystèmes marins, puisqu’ils sont à la base des réseaux alimentaires de nombreuses espèces. Selon Mann et Droop (1996)5 il y existerait probablement plus de 200 000 espèces de diatomées, dont ils affirment que 10 % ont été nommés, soit environ 20 000 espèces. Mais une étude de 20126 souligne que bien que les estimations du nombre total d’espèces varient considérablement selon les auteurs (entre 30 000 et un million d’espèces), il est plus probable que chez les diatomées, le nombre total d’espèces se situe en fait bien autour de 20 000 dont environ 8 000 restaient alors à découvrir et à décrire. Et début 2018, 14 803 espèces7 de Bacillariophyta sont répertoriées dans AlgaeBase.
Hallelujah (Alleluya)Hear the children cryin’,
Ecoute les enfants pleurent
But I know they cry not in vain.
Mais je sais qu’ils ne pleurent pas en vain
Now the times are changin’ ;
Les temps sont en train de changer
Love has come to bloom again.
L’amour est revenu s’éclore encore
Smelling the air when spring comes by raindrops
Sent l’air quand l’été arrive par des gouttes de pluie
Reminds us of youthful days.
Souviens toi de nous dans notre jeunesse
But now it’s not rain that water the cane crops,
Mais maintenant ce n’est pas la pluie que l’eau de la récolte de canne
But the sweat from man’s brow ;
Mais la transpiration sur le front de l’homme
The substance from our spine.
Notre moelle épinière
We gotta keep on living, living on borrowed time :
Nous maintiendra en vie, vivant en temps emprunté :
Hallelujah time !
Temps d’Alleluya !
Alors prenons de la hauteur ! Elevons nous ! Dépassons les colères, la haine, et le mépris, en faveur de l’amour et de l’unité. Car nous sommes bien peu de choses … Permettons à l’humain de retrouver son humilité. De se rappeler de l’humus qu’il redeviendra. Et de s’interroger :
Au service de quelle cause, décidons nous de donner du temps ?
Quelle utilité a son passage sur cette planète ?
Sources d’inspiration : Bob Marley One Love, film de Reinaldo Marcus Green – Série présentée par Will Smith, une planète sans pareil -Wikipedia, diatomée