En cette période d’été indien, nous pénétrons dans l‘énergie de l’hiver en médecine traditionnelle chinoise. Un paradoxe avec la douceur des derniers jours, nous suggérant de nous découvrir, de profiter de pique-nique en famille. Alors que la brume est présente à l’aube, que l’humidité et la fraicheur des nuits s’invite dans nos maisons, et dans nos corps. Après une période d’activité intense, d’inquiétudes pour notre stabilité, c’est l’heure des bilans : activité, comptabilité, prévisionnel. Un passage parfois complexe, comme une zone de turbulences en plein ciel. Epargnée de tout microbe ou de tout virus jusqu’à maintenant, mon corps se rappelle à moi. Il m’envoie des secousses saccadées, rythmées par la toux, et l’écoulement limpide d’une rivière interne. Pas d’éruption de fièvre, pas de manifestation annexe. Juste cette contraction du système respiratoire qui expulse ses encombrants à l’extérieur, qui m’isole des autres.
Les plantes et les huiles essentielles sont mes alliées : alternance d’eucalytus radié et de ravintsara, appliquées sur le torse, mélangées à 1 cuillère de miel. Mastication de gommes à base de propolis et de cannelle. Infusion d‘ortie, de thym, et d’armoise. Hydrolat de sarriette. Bouillons de légumes, à base de poireaux et d’oignons rouges. Mais la toux persiste et augmente son intensité. Je diversifie les approches, les modes d’utilisation, les plantes. Mais rien n’y fait. Pour moi, c’est l’heure du repos à domicile.
Bizarrement, cette phase de vulnérabilité est concordante à des périodes de deuils passés – ma mère, mon cousin, mes oncles, mon grand-père. Et la dégradation actuelle de la santé mes grand-mère, n’est pas étrangère à cette fragilité. En fait, ce sont plutôt les réactions et les émotions qui entourent ces évènements, qui génèrent en moi de la tristesse. C’est comme si le mycélium profitait d’une faille pour s’engouffrer dans le bois de nos vulnérabilités, de nos culpabilités, de nos incapacités. La rancoeur, la colère et le ressentiment réapparaissent sous la forme d’un champignon bien dur sur le tronc de l’arbre. Jusque là, invisible, il s’impose à nous avec violence, nous rappelant ce que notre inconscient à sciemment mis sous silence. Ma petite fille intérieure a envie de réunir, de rassembler, de réparer. Mais l’adulte en moi accepte aujourd’hui que chacun est responsable de son fardeau, de ses blessures, de sa culpabilité. Une manière de s’en libérer, d’agir, est peut être de pardonner. Je respecte le chemin de chacun, et suggère des pistes.
Pardonner autrui pour se libérer – ** Shakti Gawain nous propose de faire une liste des personnes qui nous ont blessées un jour et d’imaginer une conversation avec ces personnes où on leur expliquerait tout notre ressenti pour ensuite leur dire que nous les pardonnons.
Pour chaque personne, dites :
« Je te pardonne et te libère. Va et sois heureux. »
Se pardonner à soi-même – Elle nous suggère de faire une liste des personnes à qui nous avons, un jour, fait du mal et d’imaginer que nous leur demandons pardon pour ce que nous leur avons fait.
Pour chaque personne, dites :
« Je me pardonne et m’absous de toute culpabilité, ici, maintenant et pour toujours ! »
La maladie (mal-a-dit) s’invite dans nos vies pour nous rappeler ces parts de fragilité et de responsabilité. Ecrire, partager, me permet de prendre de la distance sur ce qui se joue en moi. Oser regarder ce qui est juste pour moi, dans l’instant présent. Au-delà de tout jugement, de toute injonction, de tout regard extérieur.
Alors je ressens le besoin de lumière, de sérénité, d’apaisement. Je sors de mes placards, un paquet généreusement offert par Anne-Julie Ghesquière, de racine d’aunée, Inula helenium. Je décide de prendre le temps de la décoction, et d’y ajouter en infusion une racine de gingembre fraiche, et des feuilles d’origan. J’y ajoute le miel sauvage du Sénégal. J’apprécie le parfum, le goût du soleil dans ma tasse. Je sens mes oreilles chauffer, et ma gorge piquer. Je sais qu’elle va apaiser ma toux, et m’envelopper. Je fais des recherches sur ses bienfaits sur le plan psychique. J’imagine que cette grande dame jaune a de nombreux atouts.
* Ses racines détendent et harmonisent le corps et l’esprit. Elles calment les nerfs à vif et laissent la sensualité revivre. Elles développent la paix, la clarté, la clairvoyance et donnent de la force et du courage. La Grande Aunée aide à sortir d’un état léthargique et combat le manque de plaisir. Elle apporte le mouvement et débloque les schémas figés. Grâce à elle, nous pouvons travailler de manière détendue, avec joie et patience. Nous retrouvons des espaces de tranquillité et pouvons accéder à notre enfant intérieur. La Grande Aunée nous apprend à nous occuper de notre bien-être.
Grâce à la Grande Aunée, je peux affirmer :
- Je m’occupe de moi et de mes femmes.
- Je ressens du bonheur dans les petites choses du quotidien.
- J’atteins mes objectifs de manière détendue et claire.
- Ma volonté est active et source d’énergie.
- Je vis dans l’énergie du cœur, en lien avec mon enfant intérieur.
- Je suis à l’écoute et j’ai conscience de mon corps.
Son utilisation en fumigation m’intrigue, et j’expérimente. Je fais chauffer un petit charbon (adapté pour les bruleurs d’encens) sur lequel je pose une racine d’aunée. Un parfum boisé, sucré, résineux se dégage de la fumée. Je me suis dit que ce n’était peut être pas une bonne idée, pensant que cela allait assécher mes muqueuses. Bien au contraire, cela a dégagé mes narines, et s’est déposé dans ma bouche, dans la trachée, dans la gorge, un goût sucré et parfumé. Expérience très agréable à renouveler !
La racine séchée s’utilise fréquemment en fumigation. Pleine de lumière, la fumée de la Grande Aunée nous détend et nous enveloppe d’amour. Elle protège, redonne la joie de vivre, euphorise. Elle active l’énergie, renforce la confiance en soi et le contentement. Nous pouvons alors prendre les situations comme elles sont, expérimenter et déceler les aspects positifs de circonstances adverses. *
Cette racine équilibre l’élément terre en moi. Elle est chargée d‘inuline, et fortifie mon microbiote intestinal. Elle déloge et désagrège l’humidité et les glaires. Elle améliore les difficultés respiratoires. Ses huiles essentielles nettoient et purifient. Elle est déconseillée aux femmes en début de grossesse, et pendant l’allaitement, et pour les enfants de moins de 2 ans. Le cœur jaune de sa fleur et ses pétales ébouriffées font penser à des petits soleils, bien portés par une tige solide et verte, et profondément enracinées. Elle me rappelle de poursuivre mon chemin, de remercier les apports de chaque personne croisée, et de pardonner les imperfections, et saluer mes racines. La vie est comme l’eau qui forme le cours de la rivière. Nous observions dimanche, avec mon père le sens du courant de la Loire. Que l’on voit monter et descendre au rythme des marées ; l’océan atlantique est pourtant à 50km plus loin, dans l’estuaire de St Nazaire. La nature nous rappelle ce cycle immuable, dynamique, mouvementé. Cela m’encourage à tourner la caméra vers l’intériorité, dans des pratiques méditatives dans l’instant présent. C’est ainsi que je peux y trouver la sécurité et la sérénité. J’envoie plein d’amour à ma famille, à mes grand-mère, dans le respect de chacun, et de ses choix.
Je racontais la semaine dernière à des collègues, qu’aujourd’hui j’étais en capacité d’être un peu plus nomade et d’aller vers, car j’avais enfin compris que ma sécurité est à l’intérieur de mon être. J’ai décidé de m’investir plus régulièrement sur les quartiers, et de maintenir un accompagnement plus minimal sur le Solilab. Je suis dans un mouvement de changement, qui prend racine cet hiver, et qui me laisse de temps de voir quelle belle plante va pousser au printemps. La source du mouvement est le déséquilibre. Il suffit d’observer les premiers pas d’un bébé pour en prendre conscience. Mais c’est ce sentiment de sécurité, qui nourrit la confiance, l’estime de soi, et le lâcher prise.
Ce sentiment de sécurité permet d’emprunter des sentiers inconnus, de rencontrer de nouvelles personnes, d’expérimenter. Observez comme vos enfants sont insouciants, osent s’aventurer. Car ils savent que vous n’êtes pas loin pour les consoler, les rassurer ou les encourager. C’est ce qui construira leur sécurité intérieure dans leur vie d’adulte. Et si vous n’avez pas eu cette chance d’être enveloppé d’amour, vous avez certainement croisé d’autres enfants, adultes, ou autres modèles, qui vous ont encouragé à être la belle personne que vous êtes devenue. Alors quand vous doutez, que vos peurs vous paralysent, que l’injustice vous « colérise », que la compétition vous « tyrannise », venez caliner votre enfant intérieur. Rassurez le, enveloppez le d’amour, et créez en lui cette sécurité qui lui permettra d’avancer.
Sources d’inspiration : luminessens.org – Claire Tiberghien, Équilibre et méditation par les plantes, 30 plantes à découvrir – ** Shakti Gawain, The creative visualization workbook. » – *** Anne Vastel et Sylvie Chagnon– médecine traditionnelle chinoise – plantes médicinales occidentales