L’asphodèle : le flambeau de la renaissance

Publié le 18 avril 2021 - Herboristerie au fil des saisons

Asphodelus albus – Liliacées

Ce matin, mes pas m’ont conduit sur les chemins du Gesvres. Etonnament, je n’avais pas encore découvert cette partie de la région nantaise. Au pied d’un ancien viaduc, je me suis laissée aller à la rêverie devant les ruines du moulin à eau, le son de l’eau qui court. J’ai emprunté le chemin, qui contourne une retenue d’eau, jonchée de souches d’arbres endormies, et de ornée de nénuphars. Le chemin est escarpé, et sinueux. Il est préférable d’être bien chaussé, pour contourner les racines des arbres, et gravir quelques roches.

J’ai fait de belles rencontres végétales, dont l’ail des ours, le sceau de salomon (non comestible), lamiers pourpres, lamiers jaunes, et l’asphodèle en pleine floraison. Le parcours est assez magique, et les couleurs des chataigniers, des vieux chênes, des hêtres, se marient avec les tapis bleus de jacynthes et de stellaires holostées.

Voilà une monocotylédone qui ne vous laisse pas de marbre. De la famille des Lys, elle apparaît au printemps dans les fossés, ou sur les chemins boisés. Au milieu d’un tapis de feuilles pointues, sa longue tige verticale, se termine par une grappe de boutons floraux étonnants. On observe plusieurs palliers sur cette grappe. Les fleurs en boutons, les fleurs épanouies, et les graines. La fleur explose comme un feu d’artifice, avec ses longues étamines, surmontées de poches de pollen jaune. Tout est fait pour y attirer les insectes butineurs, qui s’en donnent à cœur joie.

Son symbolisme dans la mythologie : éclaire le royaume des morts et annonce la résurrection

Pour les Grecs, « la plaine des asphodèles  » était peuplée par les âmes des mortels qui avaient mené sur terre une existence dissolue. Elles étaient condamnées à y demeurer éternellement sans pardon, une sorte de compromis entre l’enfer et le paradis. À l’inverse, Homère dans l’Odyssée, l’associe aux Champs-Élysées, le séjour heureux des héros et des âmes vertueuses, étendus sur des lits d’asphodèle dans une douce harmonie. Purgatoire d’un côté, paradis de l’autre.

L’asphodèle ou « herbe de Saturne », plante qui donne une grappe de grandes fleurs étoilées très ornementales, servait dans l’Antiquité d’offrande aux morts. Dans le langage des plantes, elle signifie « mes regrets vous suivent au tombeau ». Consacrée à Hadès et à Perséphone, elle est donc liée aux Enfers où on la trouvait en grand nombre dans la promenade des morts ; elle conférait une seconde vie immortelle.*

En Corse, cette plante s’associe à la lumière de Pâques, à la résurrection. La tige sèche servait de flambeau dans les maisons, ou pour s’éclairer la nuit le long des chemins. Elle portait le nom de luminellu bien sûr ou de candelu, mais aussi tirlu, zirlu, tirulu, tiritulu, accendipippa, cirotta, etc.

Son nom Asphodèle viendrait du grec asphodelos qui signifie « fer de pique », sans doute à cause de la forme de ses feuilles. Ces dernières étaient utilisées pour rembourrer les selles des ânes et des mulets ou pour la confection des matelas, la plupart du temps, dans les pagliaghji. Les mazzeri y puiseraient leur puissance, la légende dit qu’ils se battaient parfois entre eux avec des hampes d’asphodèle. ***


Un Anti poisonL’asphodèle pousse dans le royaume des ombres et des rêves. S’il était censé donner aux morts la seconde vie immortelle, on comprend mieux le cas qu’on en faisait aussi dans la médecine grecque, comme d’un contre-poison universel.**

Diurétique Affections cutanées – désinfectant : verrues, gale, brûlures, eczéma, plaies Affections cutanées et affections du cuir chevelu : calvitie, gale, ulcérations, verrues Usage externe – cataplasmes ou compresses: 100 g de racines dans 1 litre l’eau bouillante. Faire bouillir pendant 15 minutes. Laisser refroidir. A appliquer directement sur la peau.

Racine comestible après cuisson – C’est en quelque sorte, la pomme de terre sauvage des pauvres ; Mucilages, résine, glucosides, fructose et glucose. Amidon.

Selon Théophraste, les racines sont charnues et comestibles. Elles sont allongée, sous terre, ronde, semblables à des glands. D’aptrès Pline, ce sont des bulbes de la grosseur de petits navets.

Le miel d’asphodèle – En Corse, on produit un merveilleux miel, aux propriétés diurétiques, antispasmodique et anti-catarrhal. Il est est utile pour le soin de la peau grâce à ses propriétés astringentes, apaisantesss, émollientes, rafraîchissantes et décongestionnantes.  Le miel d’asphodèle possède des propriétés réparatrices, antibactérienne et des propriétés curatives et est adapté pour le stress psycho-physique, les blessures et les infections. Des vertus qui donnent envie d’y gouter !

Sortie « cueillette au fil des saisons » à la Chapelle sur Erdre – Distance : 5km – Chaussures de marche requises, et bonne mobilité.

Sources d’inspiration : Luminessens.org – Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani * – Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882)** – Corse matin.com***- Altheaprovence – Ethnopharmacologia.org : Etudes floristique et ethnobotanique des plantes médicinales de la ville de Kénitra (Maroc)Souad Salhi, Mohamed Fadli, Lahcen Zidane & Allal Douira ***