Vous la croisez souvent sur les chemins de marche. Elle croit dans des lieux incultes, et fait partie des mauvaises herbes qui ne captivent pas votre attention. Elle peut pourtant être haute, et tapisser de vert et de blanc argenté, des talus de terre. Lors d’une randonnée au mois d’Octobre, sur les bords de l’Erdre, elle a stoppé ma marche dynamique. Elle était là, présente, imposante, presque insolente, à attendre qu’on la remarque. Hé oui, en pleine période de pandémie, tout le monde parle de ses cousineq l’artemisia annua et afraa, comme plante miracle ! Alors qu’elle, l’armoise vulgaire, pousse dans notre environnement. Certainement moins efficace, elle présente de grands bienfaits. Délaissée, piétinée, dévalorisée, elle m’a appelée pour lui rendre ses lettres de noblesse. Noblesse, oui ! Vous avez bien entendu ! Elle porte le nom d’une célèbre déesse de la mythologie grecque, Artemis
Artémis était la déesse grecque de la chasse, de la nature sauvage et de la chasteté. Fille de Zeus et sœur d’Apollon, Artémis était considérée la protectrice des filles et des jeunes femmes notamment pendant l’accouchement. Pour les romains, elle s’appelle Diane, et figure au Panthéon
Nous avons donc entrepris de faire sa rencontre, aujourd’hui, avec Lena, élève de l’école d’herboristerie bretonne, cap santé. Plutot que de mobiliser notre intellect pour comprendre son action, nous en avons fait une découverte sensorielle.
A l’observation de ces feuilles séchées, on peut constater 2 teintes : le vert foncé du dessus, et le blanc argenté du dessous. Elle est très découpée. Ce qui m’a surpris en la dépliant, c’est d’observer qu’en séchant, elle avait caché son cœur. Au centre, se cache une fleur, dans laquelle quelques graines s’éparpillent. Elle tonifie et augmente la circulation au niveau du cœur.
Affinités avec le cœur ;
Je renifle avec plaisir cette forte odeur aromatique. Elle sent le foin, le cannabis, elle m’émoustille ; elle nous rend un peu euphoriques et joyeuses. Elle vient chatouiller nos narines, nos gorges. Je la « kiffe ». Je ressens l’amer, le piquant, le chaud, l’âcre, une odeur un peu mentholé. Elle nous fait penser à l’été, à la chaleur, au sec. Je la sniffe et re sniffe. Je l’écrase entre mes doigts pour en dégager tout son parfum, jusqu’à la rendre difforme. J’ai un goût de fraîcheur en bouche.
Tonique nerveux relaxant
En bain, elle aide à relâcher, pour les tensions et les angoisses. En huile de massage, elle donne une sensation de chaleur.
Nous observons maintenant l’infusion. Elle affiche une couleur jaune « pipi ». Des urines bien foncées du matin. Elle paraît forte, juste au regard. Son odeur me semble plus sucrée et douce, un peu comme la réglisse. La première gorgée me rappelle l’amertume d’un café serré. Ma respiration devient plus ample. Quelque chose se pose en moi. Je suis le parcours de l’armoise, qui vient s’installer sur mon plexus, dans mon ventre. Nous sommes en phase de digestion juste après le repas. Des gargouillis se font entendre, des gaz sont en formation, on sent un mouvement interne digestif. Les jeunes feuilles fraîches peuvent être intégrées à vos soupes, salades, lasagnes ou préparées dans un vinaigre. En Europe, on l’utilisait comme condiment pour les viandes. Elle agit sur les infections parasitaires, incluant les vers (augmenter la dose autour de la pleine lune).
Tonique digestive et antiparasitaire
La tête devient un peu lourde. Jusqu’à ressentir nos narines un peu congestionnées, comme si nous avions une sinusite. Je sens mon corps qui s’active en léger mouvement de spirale, signes de circulation. Du haut, vers le ventre, et le bassin. Elle vient chahuter les ovaires de Léna, en plein cycle de menstrue. Augmente la fertilité (pour les deux sexes) et amène une santé et un bien-être général pendant les menstruations.Facilite l’accouchement et arrête les saignements utérins
Régulatrice du système reproducteur
Cette rencontre avec la plante nous a amenée à mieux nous connaître, à échanger entre femmes de 2 générations différentes, qui partagent un intérêt commun pour les plantes médicinales. J’ai trouvé cette expérience pleine de douceur, d’accueil, d’enveloppement, et de joie. Comme si la plante nous aidait elle aussi à nous rencontrer. J’aime cette résonance, cette vibration avec l’instant présent. Cette plante, incarnée par une déesse de la chasse, et de la nature sauvage, vient peut être réconcilier en nous, nos parts de féminin et de masculin, de yin et de yang. Elle fait circuler, réchauffe, tonifie, et apaise les angoisses, les inquiétudes, en calmant le mental. C’est une grande alliée des femmes, de la puberté à la ménopause. Il faut juste l’éviter pendant la grossesse, car elle est emménagogue, et pourrait provoquer des contractions utérines. Elle est utilisée sous forme de moxa, sur le nombril, dans les derniers jours, pour faciliter l’accouchement.
Des affinités avec l’intuition
En synchronicité du jour, je continuais ma lecture d’âme de sorcière, sur le chapitre de l’intuition. Elle nous rappelle que l’intuition est un phénomène qui passe par le corps et les sens, non conscientisé et non verbalisé. Du moins, au début. C’est une information d’un type très particulier, se manifestant par une sensation, en lien souvent avec une émotion. Son éthymologie latine, intueri, peut être traduite par « regarder à l’intérieur » ou « contempler ». Cette belle armoise, semble activer cette voie intérieure féminine, connectée depuis la nuit des temps aux autres femmes par sa matrice, et par le cycle de la lune. La force de l’élixir floral, décrit par Anne Mac Intyre, renforce cette piste.
Donne une clarté aux messages de nos rêves; équilibre la conscience entre la nuit et le jour; éveille le psychique tout en permettant de rester sur Terre; crée des liens avec la Lune (ex : le cycle menstruel avec celui de la Lune); augmente les facultés médiumniques et télépathiques; favorise la fertilité chez les hommes, favorise l’assimilation de la vitamine B; fortifie; bonne pour les personnes irrationnelles, trop émotives, qui se sentent victimes ou les personnes excessivement frustrées et qui ont des rêves agités.
Sources d’inspiration : materia medica de floramedicina – altheaprovence – la maison de l’artemisia, âme de sorcière, odile Chabrillac – wikipedia