» Les seules connaissances qui puissent influencer le comportement d’un individu sont celles qu’il découvre par lui-même et qu’il s’approprie. » Carl Rogers
« Nourrir la vie » – Au commencement, j’ai ressenti une tension dans le tendon droit de mon avant bras. Déja bien fatigué, mon corps ressentait le besoin de faire une pause. Je regardais mon emploi du temps chargé, et je me demandais comment j’allais être efficace pour tout ces défis à venir. Lorsque le couperet est tombé, l’arrêt a été brutal. 3 covid Positif à la maison. Vous etes cas contact, et vous devez rester isolée jusque fin Novembre.
J’avais rapatrié les plantes chez moi, fait le plein de compléments alimentaires. Je suis allée faire des courses conséquentes de légumes et de fruits, pour me confronter à la bataille contre les virus à la maison. Prendre soin des autres, vérifier leur saturation, leur tension, est plus facile que prendre soin de soi (lire l’article sur l’invité non désiré). Quand la charge virale m’a attaquée, je me suis retrouvée Ko dans mon lit, sans aucune capacité de réagir. J’avais juste besoin de me sentir au chaud, sous ma couette. Et de dormir. De laisser la température m’envahir, pour évacuer les toxines. Les infusions de gingembre, de cannelle, et de sureau ont été de précieuses aides. Le temps de me lever, de m’hydrater, et de repartir dans le lit. Heureusement, j’ai pû compter pendant cette période sur les bons plats des copines, l’énergie de ma fille pour ranger un minimum, et celle de mon fils pour assurer le ravitaillement. Du coup, vous êtes au milieu de votre maison. Vous entendez le mouvement, la vie, les bruits. Mais vous êtes ailleurs…. dans un autre monde. Auquel vous ne participez plus activement.
Je me suis efforcée chaque jour, de prendre ma douche. Et je voyais ma balance décliner dangereusement. Pas de panique. J’ai des réserves ! Pourtant j’ai senti une dénutrition. Mon corps s’est mis en mode protection, en ralentissant tout mon système. Plus d’appétit, de désir, d’envie de manger et de me remplir. Mon système digestif s’est mis en mode nettoyage avec des diarrhées fulgurantes. Pour éviter de me vider de tous mes minéraux, déjà fortement en carence, j’ai préparé le fameux mélange de wise water : coriandre, fenouil, cumin, à laquelle j’ai ajouté de la réglisse, et du gingembre. Le goût sucré m’est revenu en mémoire. Il m’a semblé tellement enveloppant et rassurant. Sur les conseils de mes frères sénégalais, j’ai fait mariné du bouye (fruit du baobab) dans l’eau. J’ai extrait la pulpe dans l’eau, et je l’ai fait chauffé avec du gingembre, du citron, et du clou de Girofle ; Ce remède a été radical pour faire remonter ma tension, et me donner l’énergie de sortir du lit. Mais une saturation de remèdes se faisait ressentir. Je n’en pouvais plus des tisanes !!! j’ai trouvé des gélules de charbon actif, qui ont été très efficaces pour prendre le relais. .
Les secousses des toux intempestives, tonitruantes, mettent à mal la force du périné pour retenir ces tempêtes. Je me suis retrouvée avec des tas de linge en retard. Moi qui aime étendre le linge propre, le simple fait de soulever la corbeille, et d’installer le tee shirt mouillé sur le fil, était un effort surhumain. C’est dans ces circonstances qu’on prend conscience de l’énergie et de la vitalité que nécessitent ces gestes simples. Ranger, désinfecter les toilettes et la baignoire, faire la vaisselle sont des mouvements extrémement compliqués pendant ces périodes. Le jour ou j’ai senti la forte odeur de menthe de mon produit ménager, je me suis dit bingo ! Retour de l’odorat et du goût. Quand ce monde sensoriel est absent, tout semble vidé de substance et de sens. La nourriture n’a plus d’intérêt. Je ressentais l’aspect chaud ou froid, mais pas le reste.
Au bout de 7 jours, le retour progressif de l’énergie vous permet de vous lever plus régulièrement. J’avais décidé de ne pas trainer dans mon lit. Pour mettre du mouvement dans mon système locomoteur, qui commençait à souffrir de la position allongée fréquente. Je me fixais plusieurs objectifs : me lever, faire la vaisselle, respirer à la fenêtre, et ouvrir mes mails. Intellectuellement, j’avais l’impression d’être un légume. Je traversais chaque jour, un brouillard mental, un découragement, me confrontant au non sens de tout ce que j’avais entrepris jusqu’à maintenant. Tout était remis en cause. Tout semblait vide. C’est fou de se retrouver du trop Plein, à Plus rien ! Je réalisais comme je m’étais déconnectée du Vivant, du cycle des saisons, du froid extérieur, des arbres, des poules, et de mes autres congénères. Serai je capable de retrouver le goût d’être avec les autres, et dans la nature ? En attendant, j’ai plongé mes cellules dans l’artificialité des films de Noël, dans lesquels l’amour brave toutes les difficultés, pour ressortir victorieux.
Heureusement, j’ai pu compter sur les encouragements de mes proches, les rires de mes enfants, les visites surprise des copines, pour m’accrocher à la vie. Parce que même si nos jours ne sont pas en danger, ce covid est comme une mort lente. Elle isole, elle exclut, elle fait peur aux personnes saines. Elle vous met dans un Sas de marginalité, ou vous devenez un personne non fréquentable. Et vous avez vous mêmes, peur de transmettre le moindre virus aux autres. Chacun traverse très différemment ce tunnel. Mon fils a récupéré ses capacités en 10 jours. Notre ami de 45 ans a fait 4 jours d’hospitalisation, et est revenu fatigué, mais en capacité de bouger. Quant à mon mari, c’est pour lui que la maladie aura été la plus cruelle. Pris en charge par un service extraordinaire, il s’est retrouvé reclu à l’hopital, en service maladie infectieuse, sous oxygène. Ses jours ne sont pas en danger. Mais la vie a pris une toute autre tournure.
Aujourd’hui, je reçois le colis tant attendu, des plantes adaptogènes qui vont prendre le relais. Astragale et Cordyceps vont devenir mes compagnes du moment, pour favoriser la consolidation et la stabilisation de ma santé. Livré dans un joli paquet doré, avec pour emblème le lotus : cette fleur magnifique qui s’épanouit dans des espaces envasés, boueux, obscurs. Un joli message pour me dire que l’épanouissement et la floraison passent par des phases opaques dans la vie. Que cette expérimentation de la maladie vient transformer profondément mon rapport au corps. En pleine lecture de Lise Bourbeau, écoute ton corps, elle nous rappelle que notre plus grand ami sur la Terre est ce véhicule sacré. Il est capable de s’adapter, et de s’immuniser contre des virus inconnus et virulents. Encore faut il lui laisser le temps de comprendre qui l’attaque, de se protéger, de mettre en place ses barrières et ses défenses, et de l’éliminer. Le virus aura laissé sa trace, son empreinte dans mon système, pour qu’il soit en mesure de le détecter, et de le chasser.
Heureuse de retrouver la voie de l’écriture, la voix du partage, et le désir de vous accompagner dans vos phases de déséquilibre, et dans vos phases de réussite. Je termine mon isolement, et je reprends le chemin de l’herboristerie avec vous, dés la semaine prochaine.