Le temps ensoleillé, frais et sec se prête à la contemplation. Cette douceur de l’hiver, l’absence de vent, pose le mental dans l’instant présent. Dés les premiers pas, je réalise que mon souffle est court. Je fais des rotations avec les bras, j’ouvre ma cage thoracique, j’assouplis mon diaphragme. Je me rappelle de ce conseil sage, de la marche afghane. J’observe mon rythme, et ma respiration. Pendant 5mn, j’inspire sur 4 temps, et j’expire sur 4 temps. Une marche intense se met en place, un mouvement harmonieux s’installe. Mon mental lâche prise. Mon attention est portée sur mon corps, mes muscles en marche. Je ralentis le pas. J’entre dans l’espace sacré naturel. Les sangliers ont labourés les sols, à la recherche de racines, de glands et de champignons. Un vrai champ de bataille, qu’il vaut mieux contourner, pour ne pas blesser les chevilles.
Au loin, j’aperçois mon chêne. Celui que je me suis attribuée dans ce parc de la Bégraisière, pour méditer, me confier, déposer mes peines, et me recharger. Je le salue, mais ne m’arrête pas. J’apprécie la légèreté de mon esprit, s’en est presque enivrant !
Un peu plus loin, je longe le chemin des anciens chataîgniers, en fin de vie. Déformés, cabossés, percés par les pics verts, ils sont de véritables refuges. Leurs formes étranges prêtent à la rêverie, et aux histoires fantastiques. N’oubliez pas de leur rendre visite quand vous passez par là. Ils ont de grandes sagesses à nous transmettre
Arrivée près de la mare, le reflet des arbres fait miroir sur la beauté des lieux. Je réalise à quel point cette beauté m’apporte harmonie et paix. Le mâle col vert, suivi de sa canne, nagent paisiblement. Ils créent derrière eux, une ondulation, qui vient troubler la surface de l’eau. Deux magnifiques geais sautillent de branche en branche. Ils chahutent joyeusement, se dissimulent dans le lierre, se pourchassent. Cela me rappelle le processus dynamique du yin, et du yang, de la complémentarité du jour et de la nuit, de la lune et du soleil. Tout marche par paire, Tout se complète. Tout se transforme.
Ainsi va la vie, elle se nourrit d’impermanence, et c’est l’impermanence qui fait que la vie est vie. Le passé laisse une trace comme les pas dans le sable, mais c’est vers l’avenir que l’on marche. Agnès Ledig