Aujourd’hui, je me pose avec le groupe des herboristes, pour la découverte sensorielle d’une nouvelle plante. Je cale ça entre 2 rdv, 2 pensées, 2 vibrations de téléphone. Autant dire, que tout se bouscule : beaucoup de choses à faire, à ne pas oublier, à penser. Depuis cette nouvelle lune, j’observe de l’excitation, de la créativité, des projets, du renouveau. Je trie, je range, je jette. Je fais de la place. Mais ne serait ce pas le printemps qui sonne à notre porte ! La fin de l’hibernation, pour accueillir la lumière, et se purger de trop de sédentarité. Ca pulse dans mes tempes, dans ma tête, dés que mon corps se pose pour la méditation guidée. Il me rappelle l’importance de faire pause, pour éviter la surchauffe de mon système. Me centrer, pour voir germer patiemment les jeunes pousses. Ma nuque et mes épaules sont nouées, lourdes de tensions. C’est comme si j’avais tordu du linge pour l’essorer, et que je le libérais enfin de sa vrille. La descente et la visualisation du bassin, relâche mon corps, me fait bailler à m’en décrocher la mâchoire.
De sa douce voix, Axelle nous invite à nous connecter à la fleur de Nigelle. Je me replonge dans mes souvenirs, et visite le jardin de ma grand-mère. Le bleu intense m’apaise, et la perfection de la corolle me fascine. Elle est embellie par sa collerette de bractées joliment tissées, formant comme un halo vaporeux des plus délicats. Ses longues étamines centrales assure la séduction pour la pollinisation. Ce n’est pas pour rien qu’elle porte les noms « d’amour dans la brume », « de cheveux de vénus », ou « d’épousée sans voile ». Son aspect aphrodisiaque n’a pas échappé à ses plus fidèles consommateurs.
Pour Dioscoride, il valait mieux ne pas en abuser, pour éviter sa toxicité. Jean-Michel Morel déconseille aux femmes enceintes de la consommer, pour son action emménagogue. Floramedicina nous signale une inhibition des P450, avec un risque d’augmentation de concentration sanguine des médicaments pris. Par précaution, espacer la prise de vos médicaments et de la nigelle. Si vous êtes insulinodépendant, mesurez votre insuline et adaptez la. Vous pourriez être surpris de voir la diminution de votre taux de cholestérol.
Mais n’est ce pas là encore, une histoire de culture, et de diversité ? Car chez les pharaons, les perses, les musulmans, cette fleur recèle le trésor « d’une graine noire, qui sauve de toutes les maladies, sauf de la mort ! ». C’est une panacée. Je suis heureuse de la re-visiter. Elle, pour qui, j’ai beaucoup écrit.
Je verse une petite quantité d’huile dans un ramequin. Son odeur est forte, et âcre. Elle me dynamise, me stimule. Elle réveille des douleurs au coude. Elle pique mon nez, gratte ma gorge. Quelle puissance, juste à la renifler ! Son parfum finit par m’écoeurer. Elle me donne la nausée. Pour enfin roter, et me sentir soulagée.
Sous forme d’huile, il en faut peu, pour la gouter. Elle est onctueuse, douce, tapissante en bouche. Le bout de ma langue (rappelez vous, le bourgeon de mon cœur!) pique, et je sens de la circulation. A son passage en gorge, je grimace, je me rappelle de ce goût intense. Je peux suivre le parcours de chaque goutte dans mon système digestif ; Les graines sont utilisées traditionnellement au Moyen-Orient comme en Asie, pour le traitement des désordres gastro-intestinaux. Elle se pose sur le côté droit, vers mon foie. La réponse de ma tendinite au bras est immédiate. Je ressens le besoin de masser le long du tendon, avec l’huile. Elle réchauffe ma peau, apaise la douleur et fait circuler. Elle a cette particularité d’être analgésique, et antiinflammatoire.
Ca toujours été une alliée dans les otites aigües de mes enfants. Je massais le pavillon externe de l’oreille, pour ôter les stagnations, et apaiser. Au Maroc, la graine est prisée sous forme de poudre, afin de dégager les voies respiratoires supérieures. Elle est très efficace sur les sinusites.Sur le système tégumentaire, elle a une action vulnéraire. Elle apaise les démangeaisons, assainit la peau, et répare les tissus. Je l’utilise dans les crèmes « fait maison » pour soulager l’eczéma de ma fille.
J’avais froid avant de commencer. Je sens la chaleur se poser sur mon plexus. 2ème tentative – L’amertume est très forte. Elle titille mon estomac, et stimule mon pancréas, à la limite de la sensation de brûlure. Je vois jaune dans ma visualisation, et je voyage dans le désert. J’entends mon ventre gronder. Je sais qu’il est bientôt l’heure de manger. Je me remémore les tajines, les pains maison à la nigelle. Chaque année, aux intersaisons du printemps et de l’automne, mon mari fait une cure de 21 jours. Il prend une cuillère à soupe d’huile à jeûn, ou dans du miel. Elle équilibre le système immunitaire, aide le corps à combattre les infections et règule des réactions allergiques. Différentes études ont démontré l’action anti oxydante de la thymoquinone dans la nigelle, et son action inhibitrice sur la prolifération des cellules cancéreuses. Elle favorise l’apoptose des cellules cancéreuses.
Contrairement à d’autres expérimentations, je n’ai pas envie d’abuser de la consommation d’huile de nigelle. Son côté désagréable, et écoeurant, amène une contradiction avec son efficacité, et le côté agréable qu’elle procure au corps. Elle est douce et puissante. Elle est belle et toxique. Elle est aromatique et amère. C’est une fleur d’ici et d’ailleurs, qui nous donne des aîles.
Sources d’inspiration : L’effet antibacterien de Nigella Sativa par Nour Elyakin BOUDJEMAA et Hadjer BEN GUEGUA – Université Kasdi Merbah Ouargla, Thèse de doctorat de pharmacie- Cihan Toparslan- 25/09/12 – La bible de l’ayurvéda- Anne Mac Intyre – Guérir au naturel avec le cumin noir d’Egypte- Dr Peter Schleicher et Dr Saleh – La médecine prophétique. Ibn Qayim Al jawzia traduit par Mohamed Cheikh Mahmoud – La loi de la médecine, le livre des médicaments et des plantes- IBN-SINA, Avicenne- Beyrouth: Maktab Attollab (1972)