Nourrir son jardin intérieur : les lactofermentations

Publié le 20 février 2022 - Carnet d'humeur, Permaculture, Recettes

Quand on me demande ce qui distingue mon métier de praticienne en herboristerie, à d’autres pratiques, je réponds sans hésiter le lien au Vivant. Pour certains, la compréhension est instantanée ! Pour d’autres, c’est un concept plus obscur. J’ai commencé mon chemin d’étude d’herboristerie, en 2007 ; Et depuis, je franchis des collines, je gravis des montagnes, je fais des pauses – pieds nus dans la rosée du matin. J’explore de nouveaux chemins, et j’aime vous les partager.

J’ai commencé par revenir à la Source, les transmissions de mes ancêtres, de mes parents – la Nature. Et celle qui m’était habituelle, routinière, est devenue un terrain d’émerveillement, d’exploration, de mouvement. Dans une jolie danse, entre l’intellect et l’expérience, j’ai appris à mieux me connaître, à partager avec les autres, à travers elle. Sans hésitation, à 50 ans, je me dis que je ne connais rien, et je m’amuse comme une enfant, à réinterroger mon environnement. S’émerveiller devant le vol d’une coccinelle, s’arrêter pour respirer le parfum du chèvrefeuille, observer le vol d’un oiseau, la petite plante médicinale que je ne connaissais pas. Découvrir le lien intime des autres avec une couleur, une odeur, un insecte, une fleur, un arbre. Et entrer dans le monde sensible du Vivant. Les livres, les cours, les interactions intellectuelles avec d’autres spécialistes, nourrissent cette soif de connaissance et de sens. Mon coeur bat au rythme des expériences, et me rend chaque jour encore plus vivante, que le précédent. Ce sont mes cellules qui pétillent, les fluides qui circulent, mes muscles qui s’étirent. Cela ne suffit pas toujours, à rétablir les déséquilibres profonds de mon métabolisme. Alors je dois compléter par d’autres modes d’action.

Les phases de transition de l’adolescence à la ménopause, les stress, les chocs émotionnels, le vieillissement, ou les mauvaises habitudes de consommation de sucre, d’alcool, de café, mènent à la mort lente de notre jardin intérieur. Ce microbiote intestinal constitué d’une foultitude de bactéries vivantes, colonise notre intestin, et favorise notre digestion. Quand les bactéries s’amenuisent, elles laissent place à la colonisation d’une espèce, plus qu’une autre, elles créent un déséquilibre flagrant. Quels en sont les signes ? Ballonnements, gaz intestinaux, constipation ou diarrhées, prise de poids ou perte de poids. La tuyauterie interne est bouchée ne permet plus une évacuation harmonieuse et sereine. Il se peut aussi, que l’intestin soit devenu poreux. C’est ce qu’on appelle l’hyperperméabilité intestinale. Il laisse passer dans la circulation des fluides, des matières reconnues comme indésirables par notre système immunitaire. Ce vigile interne envoie alors ses soldats, pour réparer les dégats et chasser les intrus. Le problème, c’est qu’il se bat contre lui même. Et développe un système inflammatoire permanent, amenant allergies, maladies chroniques, ou auto immunes, dépressions. Pas très glamour tout ça !

Alors on peut prendre des compléments alimentaires, avaler des gélules de probiotiques, et attendre un rétablissement miracle sans rien modifier de nos habitudes. Mais ça ne marche pas. Il faut alors prendre le taureau par les cornes, et oser affronter ses démons. Conscientiser l’importance de sa santé, et se remettre en marche. Marcher, méditer, courir, pour activer les hormones qui contrent l’inflammation. Décider de manger des aliments de meilleure qualité, en allant régulièrement au marché, ou en les produisant. Si vraiment le temps manque, acheter des légumes surgelés ou en conserve. Augmenter l’apport en fibres, et bannir tout les farines blanches, les sucres rafinés, et les viennoiseries si réconfortantes. Je vous invite à visualiser les kilomètres d’intestin comme une terre à nourrir. Un jardin à entretenir, par l’équilibre des bactéries vivantes en lui. Ces dernières ont besoin d’être nourries, comme les poules, votre chat, ou vos perruches. C’est le moment de prendre une grande inspiration, et d’observer notre façon de manger, de mastiquer, de nous remplir.

Les jeunes pousses du printemps, mâches sauvages, pissenlit, plantain, nombril de vénus, lamiers, ortie … sont des phytonutriments extraordinaires pour notre santé. Ces sont des organismes non modifiés, non hybridés, résistants et adaptés à leur condition sauvage. Quand à nos légumes cultivés, ils regorgent aussi de nutriments, d’oligo éléments. Qui peuvent être optimisés par la technique de lactofermentation.

Recette – Rien de plus simple. Pour 1kg de légumes tranchés finement, ajouter 10g de gros sel gris, non raffinés. Après un mélange dynamique pour en faire sortir le jus, vos légumes sont tassés dans un pot en verre, afin d’en chasser l’oxygène. C’est grâce à ce principe anaérobie que la fermentation peut s’effectuer. Ils sont ensuite enfermés hermétiquement, à température ambiante pendant 7 jours. Et là, s’active la fermentation ! Des bulles, des pchitt, des débordements … c’est la danse des bactéries, qui s’éclatent à se multiplier. Ensuite, laisser les pots dans une cave, un placard frais, ou ua frigo, à l’abri de la lumière, pendant 2 semaines. A l’issue des ces 3 semaines, il est possible de gouter à ces légumes fermentés. De les ajouter à ses salades, d’en accompagner son riz, ses pâtes. A chacun d’exprimer sa créativité, et d’inventer ses recettes. D’ajouter ses épices, ses plantes sauvages. Et de surprendre ses convives. Cet aliment contribue à notre santé : meilleur équilibre de la digestion, dit amélioration de l’humeur et du mental.

Bienfaits : Ces lactofermentations sont sources de vitamine C, de vitamine K, PP, et B. Sources de Choline. Et sources de minéraux : manganèse, calcium, potassium. Ces sont des « probiotiques », capables d’éliminer les toxines et les métaux lourds. Elles détoxifient la nourriture, préviennent la formation de botulisme. Les bactéries lactiques transforment les sucres et forment l’ATP, nécessaire pour fournir de l’énergie.

Je vous recommande le site de Marie Claire Frédéric, Ni cru, ni cuit ! Une source intarissable de recettes et de bons conseils sur les fermentations

Merci à Isabelle Ebrard de m’avoir initiée à cette technique, avec l’association Graines d’éveil.