Magie en forêt de Brocéliande

Publié le 22 janvier 2020 - Carnet d'humeur

L’arrivée à st Malon sur Mel, n’est pas extraordinaire. J’entre sur des routes départementales, bordées de champs immenses, habitées par des vaches et des éoliennes. La pierre des maisons attire mon regard. Je suis en Bretagne, en Ille et Vilaine. Je me demande pourquoi je ne suis jamais venue dans cet endroit, qui n’est qu’à 140km de chez moi.

Petit à petit, le paysage change, pour laisser place à une route bordée d’arbres. Je suis en forêt ! Cette fameuse forêt de Brocéliande, qui n’apparait sur aucune carte routière. D’ou lui vient ce nom ? Est elle si magique, qu’elle se cache, et se dissimule, pour n’être visitée que par les plus motivés ?

J’arrive au gîte de la hulotte. Notre hôte a ce visage de fée, un peu mystérieuse et secrète… la magie opère déjà. Nous descendons à l’étang de la marette, et nos pieds roulent sur les bogues de chataignes, en libérant de magnifiques fruits. Les odeurs d’humus sont prégnantes, et les couleurs de l’automne chatoyantes. Nos système nerveux entrent dans la dimension du parasympathique, et nous dopent d’hormones : sérotonine, dopamine, ocytocyne. Nos yeux n’en finissent pas de s’émerveiller. En passant à table avec Nutrijoie, nous accueillons des explosions de couleurs et de saveurs. Quel plaisir pour nos papilles et pour nos corps. La dégustation de ces légumes locaux et de saison, alimente le silence et la pleine conscience. Nos réalisations de pesto d’ortie, pissenlit, d’oseille, force notre admiration et notre gratitude. Et nous n’avons toujours pas pénétré le cœur de Brocéliande

La voix posée de Glenn, ses yeux bleus perçants, ralentissent notre empressement. Nous entrons dans la forêt de Paimpont, au rythme de ses pas. Nous déroulons nos pieds, nous ressentons le vent sur notre peau, nous écoutons. Nous marchons en silence, en file indienne, en respectant notre souffle, et en nous connectant à nos intériorités. Voire… antériorités ? Je me suis sentie en sécurité, accueillie dans cet espace inconnu. Le sentiment d’être dans un endroit familier. « Je suis à ma place ». Je sens le déroulé de mes pieds, le doux vertige de l’air frais dans mes narines. Au son du tambour, je marche vers le pied de ce chêne large et mousseux. D’un vert fluo, moelleux, m’accueillant avec une petite plume de duvet. Je m’installe en tailleur, et je me laisse enfoncer dans le sol, m’enraciner. Je ressens ma féminité, et la sensualité de l’instant. Comme cette silhouette en forme de violoncelle que je caresse. Respiration…je m’enfonce un peu plus loin, je me cache, derrière les fougères immenses, jaunes, marrons. Je lève la tête, un oiseau m’appelle. Je me connecte avec la hauteur du grand pin. Je m’allonge, le regard tourné vers le ciel. Je perçois la sécurité, sur cette litière d’épines de pin. Aucune aspérité. J’accueille l’abondance du moment, ma capacité à prendre soin de moi dans cet instant unique, à recevoir, à me charger d’une énergie positive et créative, qui nourrira les autres.

Je suis connectée à cette forêt nourricière, notre source, nos racines, notre essence. Je remarque que l’expérience est plus ou moins bien vécue par chacune d’entre nous. La surgissence de peurs, d’inconforts, de contacts avec les fourmis, avec soi, nous met parfois dans des bloquages, et des tensions internes. La prise de conscience est intéressante, pour retrouver en nous, la spontanéité de l’enfant. Le chemin est parfois rude, escarpé, difficile. Les corps se révèlent douloureux, noués, et le mental crée des vrilles, des lianes interminables.

La balade contée avec Julie, a réveillé nos cœurs d’enfants. C’est avec les yeux ronds, écarquillés, que nous attendions impatientes, la prochaine histoire. La couleur bruyère de la terre, augmente l’intensité du vert, de la pierre, et du marron. L’esthétisme, la beauté du lieu, les formes de korrigans dans la mousse des arbres, l’imaginaire, ont vite fait de nous envouter. Le chemin vers la fontaine de Barenton, a marqué mon ascension, le long de cette eau pure, transparente, vivante. Aux sons aigüs, graves, du ruissellement le long des pierres, des troncs. Fontaine, oh fontaine… Dis moi qui est la plus belle !? La plus belle est le chêne, l’hêtre, le pin, qui se reflète à la surface de ce miroir magique. Glands, feuilles jaunes, pierres, marquent ses profondeurs.

Voyage intérieur, partage, émerveillement ont laissé leur empreinte dans mon cœur. La gratitude et la satisfaction nourrissent mon énergie, à mon retour en ville, masquée, et soumises aux contraintes du quotidien. Je partage les photos, je raconte mon voyage, en ramenant avec moi, un peu de cette magie.

Nourrissez vous très souvent de ces pauses extra ordinaires ! Une réactualisation de votre ordinateur central, peu couteuse, et durable. Une plaidoirie pour le respect de cette nature si précieuse, de ces arbres millénaires, témoins et acteurs de notre survie.