Quand j’étais petite, j’aimais trouver refuge dans ma cabane sous le saule pleureur. Ces saules se trouvaient dans une partie un peu « interdite » du parc de la Cité radieuse. Zone interdite, car nos mères, installées près de la piste de jeu, ne pouvaient plus nous surveiller du coin de l’oeil. Nous jouions donc à cache cache, sous ce refuge naturel. Ces arbres m’étonnaient par leurs bois souples, incassables, que l’on peut tresser en panier. Son nom m’intriguait : pleureur… a cause de ses branches qui transpiraient, et déversaient ses larmes ? Des gouttes qui nous atteignaient parfois, et nous délogeaient de nos cachettes. J’avais moi aussi, quelques larmes à y faire couler, et quelque tristesse à y déposer. Après le décès de ma mère, j’y suis retournée. Mais 40 ans plus tard, les troncs de ces saules se sont élevès, ainsi que ces branches, qui ne nous dissimulent plus des regards. Je m’y suis adossée, j’y ai déposé mon chagrin, en prenant le risque d’être surprise par un promeneur. Je me suis rappelée avec nostalgie, de cette insouciance de l’enfance, dans cet environnement sécurisant.
Quel désespoir peut exprimer l’image d’un arbre qui pleure ? De quel inconsolable chagrin celui-là se fait-il le témoin ? Quels renoncements révèlent ces branches retombant comme de longs bras découragés ? Dans l’imaginaire, le saule pleureur se comporte comme s’il était soucieux de justifier son nom. Il s’épanche dans des lieux humides mais aussi dans une atmosphère parfois réellement triste, le plus souvent au moins mélancolique. *
L’arbre de la lune, de la femme, et de l’eau
D’essence féminine et maternelle, le saule est un arbre lunaire, intimement lié à l’eau. Rappelons que la lune, par son rythme de 28 jours, gère les marées et les cycles féminins. Chez les Indiens de la Prairie, le saule est un arbre sacré, le symbole du renouveau cyclique : Le rameau que l’Oiseau apporta était une branche de saule, et elle était en feuilles. C’est un symbole d’immortalité, dans beaucoup de cultures. Lorsqu’une branche de saule ou de brindilles se casse, elle saura facilement se transformer en un nouvel arbre si elle rencontre des sols humides et des eaux; Il se renouvelle sans cesse. Cela nous enseigne que dans une perte il y a la possibilité de croissance et de guérison. Si donc ces rameaux sont plantés en terre et reçoivent un peu d’humidité, beaucoup d’entre eux reviendront à la vie.*
Perdre, faire le deuil, laisser couler les larmes de chagrin … guérir profondément nos blessures, assouplir nos coeurs… s’exposer à l’eau pour s’enraciner et croitre vers la lumière. Eclairer et laisser grandir le renouveau
Pas à pas, vers une terre vivante – Il a été prouvé que l’acide salicylique permet de soigner une blessure provenant de l’acide abscissique chez la plante. Cette dernière est une hormone de stress libérée par toutes les plantes en réponse à une blessure ou une maladie. Elle induit la fermeture rapide des stomates et la fermeture des secteurs blessés. En freinant cette réaction, l’acide salicylique freine l’assèchement de la plante. Elle lui permet de guérir en produisant notamment de nouvelles racines.*
Ma mère aimait ramener un rameau du saule tortueux du jardin de la Geltière, pour le laisser évoluer à la maison, dans son vase. Ce rameau souple, vert, et entournicoté, croissait vers la lumière, et développait un riche système racinaire. Pour une femme, qui disait ne pas avoir de racines, elle aimait les cultiver ! D’ailleurs, on peut fabriquer « l’eau de saule », pour faciliter l’enracinement, et le bouturage d’autres plantes. Macération de rameaux dans l’eau : au bout d’une semaine, utilisez cette eau pour arroser vos plantes et favoriser la multiplication des racines. Au bout d’un mois, recueillez l’eau transformée en gel visqueux, pour y plonger vos boutures, et faciliter leur croissance.
Plus tard, j’ai compris que ces saules poussaient les pieds dans l’eau, en observant l’inondation l’hiver, du terrain dans lequel il était implanté. Le saule joue un rôle important pour la préservation des rives et des cours d’eau : ses racines retiennent le sol et freinent l’érosion. Il est utilisé pour la biofiltration, le traitement écologique des eaux usées. Il constitue aussi un excellent brise-vent. En haie, il aide à lutter contre la pollution sonore.
La théorie des signatures en a déduit qu ‘il aimait drainer et soulager les corps remplis d’humidité. Il a inspiré l’isolement d’une molécule, pour créer le célèbre médicament qu’est l‘aspirin. Antidouleur par excellence, contre la goutte, les rhumatismes, et surtout les fièvres.
En gemmothérapie, le bourgeon de saule blanc, augmente la production de globules rouges, et donc s’oppose à l’anémie. Au niveau psychique, il est relié à l’estomac, qui exprime l’angoisse par de la dyspepsie, de la nervosité. Alors qu’au niveau mental, il s’exprime par de l’anxiété ou de l’insomnie. Le bourgeon calme les débordements d’une sexualité exacerbée.*
Pour les calimeros en puissance, l’élixir floral ramène de la fluidité, et de la responsabilité.
En fleur de Bach: WILLOW. Découragement et désespoir. Bouderie, amertume, sentiment d’injustice, apitoiement sur soi et ressentiment. « La vie est injuste », « ce n’est pas de ma faute », susceptible et rabat-joie, sentiment de victime. Pour exprimer sa joie de vivre avec optimisme, ne plus se sentir victime, accepter sans amertume sa position. Accepter également d’être responsable des évènements et des actions que l’on déclenche. Manifester de l’humour dans la vie. Savoir se réjouir du bonheur et de la réussite des autres. Etre positif!
Le saule est l’un des meilleur bois du sourcier, avec le noisetier et le bouleau. Les géobiologues cherchent l’eau à l’aide d’une branche. Appelés sourcier, ces hommes peuvent indiquer les sources et cours d’eau souterrains, par l’oscillation de la baguette. Un aspect qui a toujours intrigué la petite fille que j’étais.
Sources d’inspiration: Pas à pas vers une terre vivante – La phytembryothérapie, l’embryon de la gemmothérapie – Dr. Ledoux Franck – Site internet luminessence; Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant . Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995) – Elixir floral, Altair –