L’acacia : l’ingéniosité pour un brin d’éternité

Publié le 23 avril 2021 - Sylvothérapie

Cet arbre, haut de 20 à 30 mètres, a attiré mon attention sur le chemin de la Roche Ballue, à Bouguenais. Il pousse le long de la roche, dans un sol qui paraît pauvre, et sec. Il forme souvent de belles allées ombragées, sous lesquelles, il fait bon de se promener en été. Il se pare de ses plus belles fleurs, en grappes blanches pendantes, dés le moi d’Avril. Elles sont proches des fleurs violettes de glycines, ou des fleurs jaunes des cytises (toxiques). Quand on les regarde de près, elles ressemblent à des papillons avec des ailerons. Elles font parties de la sous espèce des Papilionacées. Elles sont très mélifères, et attirent tous les butineurs.

Elegance et féminité
D’ailleurs, la madeleine de Proust devait être parfumée à la fleur d’acacia. Je découvre qu’il aimait particulièrement cet arbre. On sent à travers ses mots, toute la délicatesse, l’élégance, relié à l’essence féminine.

il était le jardin des femmes; et − comme l’allée de myrtes de l’Énéide −, plantée pour elles d’arbres d’une seule essence, l’allée des acacias était fréquentée par les beautés célèbres. (…) bien avant d’arriver à l’allée des acacias leur parfum qui, irradiant alentour, faisait sentir de loin l’approche et la singularité d’une puissante et molle individualité végétale, puis, quand je me rapprochais, le faîte aperçu de leur frondaison légère et mièvre, d’une élégance facile, d’une coupe coquette et d’un mince tissu, sur laquelle des centaines de fleurs s’étaient abattues comme des colonies ailées et vibratiles de parasites précieux, enfin jusqu’à leur nom féminin, désœuvré et doux, me faisaient battre le cœur, mais d’un désir mondain, comme ces valses qui ne nous évoquent plus que le nom des belles invitées que l’huissier annonce à l’entrée d’un bal. M. Proust, À la recherche du temps perdu,Du côté de chez Swann, 1913, p. 418. *

Caractère d’éternité

Du point de vue religieux, l’acacia, avec ses feuilles opposées, et ses épines acérées, est un arbre cité dans tous les textes fondateurs. Son bois imputrescible est utilisé pour les tabernacles, pour l’arche d’alliance, comme signe d’immortalité. Utilisé dans les rites d’initiation maçonique, pour la couronne épineuse de Jésus, dans des rituels grecs, bambara, et védiques (Inde) . Il est cité dans le Coran, comme arbre du Paradis, fournissant de l’ombre aux bienheureux, avec le jujubier. Cet arbre traverse les époques, les cultures, les pays, et signe son caractère sacré, et son lien à l’éternité.

Interdépendance et ingéniosité

Cet arbre appartient à la famille des Fabacées, qui a la particularité de s’adapter à des sols pauvres, pour les enrichir ; Ce sont des pionnières, appelées légumineuses, ou engrais verts. Comme le sol est pauvre en azote, éléments indispensable à la production de matière vivante, elles contournent l’obstacle en développant beaucoup d’ingéniosité. Elles fournissent protection et sécurité, à une bactérie appelée Rhizobium, dans les nodosités de leurs racines, et de parties aériennes. Cette bactérie assure en échange, l’absorption du diazote de l’air, pour le restituer en molécules azotées assimilables par la plante. C’est un échange symbiotique fabuleux, qui nous montre à quel point les coopérations sont la base du Vivant. ** aujardin.info

L’interdépendance ne se joue pas qu’avec les bactéries. Elles se révèle encore, avec les girafes et les antilopes. Là encore, pour vivre éternellement, l’acacia met en place une stratégie de défense et de protection incroyable.

« Par exemple, face à des agressions répétées d’herbivores dévorant leurs feuilles ou leurs branches basses, les arbres (notamment l’acacia) émettent des signaux d’alerte qui circulent entre eux. « Prévenus », les arbres vont alors déclencher une fonction qui réveillera certains de leurs gènes pour produire des toxines qui repousseront les prédateurs. En d’autres termes, les impulsions émanant de l’environnement provoquent la production de molécules qui vont réguler l’expression de certains gènes, c’est-à-dire les inhiber ou les activer. Délicieuses quelques heures plus tôt, les feuilles d’acacia vont rendre malades, voire empoisonner, les antilopes ou les girafes qui les agressent. Le message est clair : mieux vaut aller brouter ailleurs… » ****

Si comme moi, ces recherches vous passionnent, vous pouvez aller lire les livres de Jean-Marie Pelt, ou accéder à l’histoire du Koudou et l’acacia

Gourmandise sucrée

La gourmande que je suis, associe la fleur d’acacia au fameux miel crémeux d’acacia. Il a la particularité d’être pauvre en pollens, et d’être délicieusement sucré. On peut lire de nombreux bienfaits  – apaise et calme certaines douleurs
– régularise le fonctionnement intestinal (problème de constipation)
– stimule l’appétit
– fortifie le squelette et aide à la croissance
– stabilise les secrétions gastriques
– combat les affections du système respiratoire, notamment chez les enfants
– aide à la détoxication du foie

Le plus étonnant, c’est la dégustation des beignets de fleur d’acacia, dont voici une recette ***!
100 gr de farine
1 oeuf
0,5 dl de lait
0,7 dl d’eau pétillante (ou de bière)
40 gr de sucre
1/2 sachet de sucre vanillé
1 pointe de sel
mélanger le tout, on doit obtenir une pâte ni trop ni trop peu…
Laisser reposer 30 minutes
il faut environ 10 belles grappes de fleurs d’acacia pas trop ouvertes
les tremper dans la pâte, les égoutter et les faire dorer doucement, 3 min de chaque côté, dans une poele huilée . saupoudrer de sucre glace, et déguster !

Graines de caroube

Les fruits des acacias forment des gousses creusent, dans lesquels se logent des graines. Le Ceratonia siliqua est bien connu en Afrique. Il fournit une gousse subtilement sucrée, réduite en farine, pour nourrir le bétail, ou parfumer les desserts. Chaque caroube pèse une quinzaine de grammes et contient de la pulpe charnue constituée de 40 % de sucres (glucose et du sacharose), 35 % d’amidon, 7 % de protéines, et, dans des proportions plus faibles, des graisses, des tanins et des sels minéraux. La caroube est riche en calcium, phosphore, magnésium, silice, fer et pectine. Les propriétés épaississantes sont dues à la présence d’un sucre, le galactomanane.*****

En résumé, si vous voulez vivre éternellement, prenez l’acacia comme modèle !

Sources d’inspiration : cnrtl.fr* – aujardin.info** – http://cuisinesauvage.blogspot.com*** – lumissens.org : Dictionnaire des symboles, Jean Chevalier et Alain Gheerbrant. Joël de Rosnay, aLa Symphonie du vivant, Comment l’épigénétique va changer votre vie**** – le koudou et l’acacia, telabotanica.org – Wikipedia*****