Hymne à l’eau guérisseuse

Publié le 14 août 2022 - Carnet d'humeur, Sylvothérapie


Depuis plusieurs semaines, la sécheresse et la chaleur intense menacent nos forêts. Elles brûlent des millénaires de bois, des hectares de poumon vert. Les forêts mythiques de Brocéliande, des monts d’Arrées, les pinèdes des landes, de la dune du Pilat. Des lieux touristiques, de ressourcement,ou d’évasion spirituelle qui partent en fumée. Nous sommes là, impuissants, à constater les dégâts. A comprendre la bêtise dans laquelle nous sommes engloutis. Comme les autruches, nous préférons rester la tête cachée au fond du trou, pour ne pas voir les conséquences de nos actes. Mais nous, pauvres êtres humains, nous avons oublié notre dépendance aux éléments naturels. Tout nous semble acquis. Et comme des enfants gâtés, nous usons et abusons de ce qui nous est donné. La terre se rebelle, gronde, se met en colère. Seul moyen de nous réveiller !


Toute la journée d’hier, des nuages se sont formés dans le ciel bleu nantais. Ces fameux stratus, cumulus, annonciateurs de bonnes nouvelles. Ces cotons blancs dans le ciel, souvent maudits, deviennent signes d’espoir. L’espoir de voir tomber la pluie. Cette nuit, l’atmosphère s’est chargée d’humidité. L’air s’est fait plus frais. Et les gouttes tant attendues, ont retenti sur les sols durs, les feuilles desséchées. Au réveil, mes pieds ont caressé l’Herbe mouillée. Mes narines ont senti cette odeur si chère à mon corps des sols chauds refroidis par la pluie : le Petrichor

l’odeur dérivée d’une huile exsudée par certaines plantes pendant la période sèche ». Cette huile est absorbée par la surface des roches, en particulier par les sédiments (argile), libérée dans l’air au contact de la pluie avec un autre composé appelé géosmine. L’arôme que nous percevons serait ainsi le résultat de l’émission de ces composés. Selon certains scientifiques, notre goût pour l’odeur de la terre humide ou pétrichor est un héritage de nos ancêtres, car pour eux la pluie a toujours été synonyme de vie ou de survie. Les anthropologues estiment que nos ancêtres ont établi un lien fort ou un lien positif avec cet arôme, indiquant la fin de la période de sécheresse dangereuse et l’arrivée de la pluie attendue depuis longtemps. Il a également été observé à travers diverses études que l’odeur de la géosmine est capable de guider certains animaux (chameaux) lorsqu’il s’agit de trouver de l’eau dans les zones désertiques et est utilisée par certaines plantes pour atteindre une plus grande pollinisation en Amazonie. (Pedro Gavidia)

Les oiseaux chantent, célèbrent le retour de l’enfant prodige. Le cours d’eau de la chezine reprend sa course par endroit, et fait résonner son bruit de cascade. La nature est en fête ! Mon corps fatigué n’avait pas envie d’aller marcher ce matin. La grisaille m’a découragé. Mais j’ai forcé le mouvement. Et mes jambes se sont laissées rythmer par le flow. Une danse effreinée, gorgée de joie. Comme le bâton de pluie, le peuplier a fait trembler ses feuilles, presque en transe. Mes pieds légers ont croisés des milliers de fourmis affairées sur le chemin de leur destinée.

Dans les traditions antiques, la fourmi détient un autre secret : le secret de l’eau. Les anciens utilisaient la présence des fourmilières pour retrouver les courants d’eau souterrains afin de creuser des puitsargemaformation – quand les insectes font signe

A la croisée des sentiers, mon chêne m’attend. Comme chaque matin, j’ai pris l’habitude de venir le saluer. De lui raconter mes peines, et d’y défaire mes chaînes. Le front et le coeur sur son tronc, j’entends battre mon coeur. Le tambour de la vie atténue ses battements au rythme de mes inspirations. En communion avec l’écorce, avec les mousses sous mes mains, je laisse mes épaules se détendre, mes mains se déposer. Je suis pleine de gratitude envers mon Inspirateur, mon Créateur.  Celui qui fait tomber la pluie, Celui qui donne la vie, Celui qui m’enracine et qui m’élève. Celui qui me rappelle le caractère éphémère de la vie. Et l’importance de la choyer, d’en prendre soin, de la célébrer. Un parfum de menthe rafraichit l’espace. Une branche se plie et  rebondit. Et que vois je ? L’écureuil !! Ce petit être si gracieux. Léger, me montre furtivement son panache roux. Aussi rapide qu’un éclair, il disparaît. Un sourire envahit mon coeur.

En tant que guérisseurIl aide à gérer l’énergie ; favorise un meilleur soin de soi. Il relie aux chakras racine pour dissoudre certaines de nos peurs enracinées et les remplacer par le bonheur et la joie. L’Écureuil cache une autre leçon qui peut vous aider à observer l’évidence même et à être prêt en toute circonstance. Il s’agit du lieu où mettre en sécurité ce que vous avez amassé : un cœur et un esprit calmes et paisibles où vous engrangerez sagesse et tendresse. Les énergies ainsi recueillies libéreront le cœur et l’esprit et vous saurez alors que tout vient à point à qui sait attendre le bon moment. La mission de vie des écureuils roux est très simple et elle consiste à expérimenter la vie et à répandre la joie, l’amusement et la vivacité dans leur environnement. Luminessens.org

Je suis heureuse de participer à ces instants simples de la vie. Je ressens de la plénitude. Une satisfaction dans l’instant présent. Tout peut arriver dans ma journée. Je me sens ancrée et enracinée. Un petit frisson parcourt mon dos. Je réalise qu’autour de moi, il pleut. Il est temps de rentrer. De me réchauffer. Et de créer à mon tour, pour partager ces moments d’éternité. A base de poudre de piment doux, sous le parfum du patchouli, j’ai réalisé un tableau sur l’ancrage du chakra racine.

L’après midi a été fait de partage avec mes amies. Elle s’est clôturée en beauté avec l’apparition sur le toit de la maison voisine, d’un oiseau rare en milieu urbain : la huppe ! Quelle surprise. J’ai cru, un instant, que c’était le geai du chêne. Mais son long bec, et sa houpette sur la tête ne trompent pas !

« Le Coran (27,20) parle de cet oiseau comme ayant joué le rôle de messager entre Salomon et la reine de Saba. Il va en découler un grand nombre de légendes. Dans le Mantiq-ut-Taîr de Farid -od- Dîn Attar (Langage ou Colloque des oiseaux), le poète raconte que tous les oiseaux du monde partent en voyage à la recherche d’un roi. C’est la huppe qui va leur servir de guide. Elle se présente comme la messagère du monde invisible et est décrite comme portant sur la tête la couronne de la vérité. Ce voyage des oiseaux symbolise l’itinéraire mystique de l’âme, à la recherche du divin. C’est pourquoi la Clé des Songes iranienne la présente comme un homme savant et intègre. On raconte qu’elle était le seul oiseau qui pût indiquer les points d’eau à Salomon. Luminessens.org – Selon le Dictionnaire des symboles (1ère édition 1969 ; Édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant

Cette journée m’a conduit à travers tous ces signes, vers l’eau. Qu’elle tombe du ciel, qu’elle court dans les rivières, qu’elle soit tappie dans les entrailles de la terre, qu’elle circule dans nos corps et dans nos coeurs, l’eau nous sourit ! Elle nous ravit. Elle embellit nos vies !