J’ai toujours entendu dire, que les vers n’existaient pas. Que c’était des croyances anciennes, fondées sur aucune science. Et que ça permettait de cautionner tous les maux de ventre, et de justifier des pratiques bizarres. Ma mamie Thérèse conjurait les vers intestinaux. Avec une photo, et la date de naissance de la personne, elle pratiquait ses soins a distance. Je l’ai toujours entendu dire qu’à chaque pleine lune, les enfants sont excités, ont des maux de ventre, causés par la multiplication des parasites. Des signes qui ne trompent pas : la démangeaison de l’anus, et des douleurs spasmodiques.
Les précautions d’hygiène qui devaient être associées : se laver mains, couper les ongles, nettoyer les draps, les serviettes, les gants de toilette, pour éviter l’infestation. Couper les sucres pour les affamer. Et manger de l’ail, des graines de courge,des carottes, du citron. Je pense qu’il s’agissait des oxyures qui infestent facilement les enfants.
Oxyures (Enterobius vermicularis)
Il s’agit de l’helminthiase la plus répandue dans le monde occidental et touche principalement les jeunes enfants. Le ver adulte (3-4 cm) siège dans le cæcum et l’appendice mais migre la nuit pour pondre ses œufs dans la région périanale, ce qui explique la symptomatologie nocturne et le fameux diagnostic par le scotch test (application d’un plastique adhésif retourné du côté collant dans la région périanale). La transmission s’effectue par ingestion directe d’œufs par contact avec des habits ou draps contaminés ou de la nourriture.
Mes parents étaient sceptiques. Et pourtant, ce monde des vers intérieurs existe bien. Comme les vers qui colonisent la terre, les vers intestinaux peuvent s’installer insidieusement dans nos muqueuses intestinales ou respiratoires. Contrairement à leurs cousins terrestres, ils ne sont pas les bienvenus dans nos entrailles ! Ils sont souvent difficiles à percevoir ou à diagnostiquer par les médecins, qui n’y pensent pas. Car les symptômes peuvent être bénins, allant de la fatigue, à des selles molles, une brume mentale, des ballonnements et gaz. Voire à la déprime et des diarrhées chroniques. Chaque type a une action spécifique. Et pour comprendre, il faut apprendre à les connaître.
On les appelle les protozoaires ou helminthes. Je vous donne ici les références d’un très bon article scientifique qui a décrit chaque parasite, sa source, les troubles digestifs associés, et le mode de diagnostic.*
On constate que beaucoup de ces parasites sont liés à des mauvaises conditions de conservation des aliments , au manque d’hygiène. La transmission à l’homme se fait généralement par des consommations de produits animaux crus, par des eaux contaminées, ou légumes et fruits mal lavés. La première question à se poser : quels sont les aliments que j’ai ingéré ? Ai je ramené ça d’un voyage ? Quelle est l’eau que j’ai consommé ?
La capillariose, le bothriocéphalose se transmet souvent par l’ingestion de poisson cru infestés.
Le taenia se transmet par des viandes de porc ou de bœuf infestés mal cuits.
Autre fait : ces parasites sont souvent transmis par les déjections animales. Et quand nous faisons des cueillettes de plantes sauvages, nous nous exposons plus à ce type de contact. Les parasites que l’on pourrait trouver.
Echinococcose (Echinococcus granulosus et multilocularis)
L’échinococcose est largement distribuée dans le monde avec une prédominance dans les régions où l’élevage du bétail s’accompagne de chiens (Europe, Australie, Afrique de l’Est, Amérique du Sud). En effet, le chien (et d’autres carnivores) est l’hôte définitif du ver adulte (3-6 mm). La transmission s’effectue par ingestions d’œufs présents dans de la nourriture contaminée par des selles animales. E. granulosus est responsable de l’échinococcose kystique (uniloculaire) tandis que E. multilocularis forme l’échinococcose alvéolaire, seule forme présente en Suisse.1
Douves du foie (Fasciola hepatica, Clonorchis sinensis, Opisthorchis viverrini)
Les douves du foie sont divisées en deux catégories principales : 1) F. hepatica présent dans les régions rurales d’Europe et transmis par l’ingestion de plantes d’eau (cresson, liseron) contaminées par des selles de moutons ou de bovins et 2)
Je vous recommande les conseils de cueillette sauvages très documentés de Cueilleur sauvage **
Sur sa cartographie, on peut constater que notre région de l’ouest, n’est pas trop touchée par ces parasites. Néanmoins, la présence des renards dans un espace, doit nous alerter sur la possibilité de transmission. Il est donc important de prendre quelques précautions lors de cueillette sauvages
Si on cueille nos plantes au ras du sol, il est important de les laver généreusement sous l’eau, à 3 reprises. Certains ajoutent du vinaigre et font tremper quelques temps leur cueillette dans cette eau vinaigrée.
En cas de doute, de baisse d’immunité, ne prenez pas de risques, en consommant cru. La cuisson de vos plantes tue les parasites.
Se laver soigneusement les mains après le travail de la terre.
Vermifuger régulièrement nos animaux domestiques
Quelles sont les plantes antiparasitaires ? Comment faire une cure vermifuge ?
Pour certains parasites, tropicaux ou locaux, les inflammations sont trop importantes et nécessitent d’avoir recours à l’allopathie, pour traiter les dégats collatéraux. Parfois, les antibiotiques sont nécessaires. Il est important de nommer, pour mieux attaquer.
De façon générale, on peut se débarrasser des oxyures, taenias, par des cures vermifuges, comme pour nos animaux domestiques.
Le semen contra (Artemisia cina), terme patois très répandu dans les Alpes, désignait une plante vermifuge. Il s’agissait généralement d’une armoise – absinthe ( Artemisia absinthium), armoise vulgaire, (Artemisia vulgaris), aurone dite aussi arquebuse (Artemisia abrotanum) –, mais aussi de la tanaisie (Tanacetum vulgare) ou de la santoline (Santolina chamaecyparissus). Dérivé du latin du bas Moyen Âge, ce terme est la forme contractée de semen contra vermis, ou « graine contre les vers ». Les animaux étaient aussi vermifugés avec les mêmes plantes : ail dans l’eau de boisson des poules, tanaise dans les boulettes de viande des chiens ***
Dans mon enfance, le seul fait d’être conjuré par ma grand-mère avait un impact psychologique important, et présentait moins de contraintes que le protocole proposé. En revanche, je ne suis pas sûre qu’il agissait en profondeur. Et à chaque lune, il fallait recommencer l’opération. Et en plus, en cachette de mes parents qui n’y croyaient pas !
Voici les différentes étapes de cette cure, si vous avez le courage de commencer.
Affamer les parasites
Il faut couper le plus possible tous les sucres simples : sucres, amidons, farine blanche, miel, sirop d’érable. Sites avec idées de recette sans sucre : seeberger.de ; fédération française des diabétiques, recettes Regal (patisserie sans sucre)
2 jours avant la pleine lune
On commence par prendre des plantes antiparasitaires pendant 4 jours. Personnellement, j’aime bien l’aurone arcquebuse, l’absinthe, l’armoise commune
En alternance avec le Macérat de noyer
Pendant la pleine lune
On consommera des aliments plus spécifiques : Ajouter à l’alimentation quotidienne des aliments spécifiques.
Ail cru (toute la journée, si possible) – dans les vinaigrettes
Vous pouvez remplacer par l’ail des ours si vous en avez cueilli, et conserver en pesto.
Oignon (couper, mettre à tremper dans de l’eau chaude, laisser macérer toute la nuit, boire le matin, à jeun)
Carotte (jus à jeun le matin)
Chou (jus à jeun le matin)
Citron
Betterave
Graines fraîches (vertes) de citrouille
Aliments salés, marinades.
Il est bénéfique de prendre ces aliments spécifiques à jeun le matin, pendant plusieurs jours, voire des semaines.
Recommandations de Raymond Dextreit ; Il propose de prendre 1 cc d’argile dans un verre d’eau avant les repas. Et d’augmenter son hydratation.
2 jours après la lune
Evacuation par des plantes laxatives
Aloe vera, gel – 4 cuillère à soupe dans un verre d’eau, à renouveler 2 fois par jours-sans-sucre Prévoyez de rester tranquille pour pouvoir éliminer, et avoir des toilettes à proximité.
Buvez plus d’eau que d’habitude
Psyllium – 1 cuillère à soupe dans un verre d’eau ( 2 fois par jour)
Après tous ces efforts, j’ose espérer que ces parasites ne viendront plus vous taquiner !
Sources d’inspiration
* https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2010/revue-medicale-suisse-273/troubles-digestifs-associes-aux-protozoaires-et-aux-helmintes-prise-en-charge-par-le-medecin-de-famille
** https://cueilleurs-sauvages.ch/blog/echinococcose-risques-et-prevention-lors-de-la-cueillette-des-plantes-sauvages/
***Plantes et santé – https://www.plantes-et-sante.fr/articles/decouvertes-botaniques/3215-lobsession-ancienne-de-la-vermifugation
**** Raymon Dextreit, l’argile qui guérit
