Plante solaire aux couleurs éclatantes, la tagète (Tagetes spp.) est bien plus qu’une simple fleur ornementale. Derrière ses pétales orange ou jaunes vifs se cache une longue histoire d’usages médicinaux, culinaires, rituels et symboliques. Connue sous le nom d’œillet d’Inde ou encore de marigold, elle a voyagé à travers les continents, reliant les peuples dans leurs traditions médicinales et spirituelles.
La Tagetes patula (œillet d’Inde nain) est réputée pour ses propriétés :
En phytothérapie, elle est utilisée en tisanes, en décoctions ou en onguents.
Son usage est ancien : des Aztèques aux Mayas, en passant par les peuples des Andes et du Mexique, les tagètes ont été reconnues comme plantes médicinales majeures, employées aussi bien pour soulager les douleurs abdominales, les troubles respiratoires ou menstruels, que pour accompagner des rituels de guérison. La Tagetes lucida, appelée yauhtli par les Aztèques, était associée à la divinité Xochipelli, gardien des fleurs et des visions. Plante à rêves, calmante et visionnaire, elle était fumée ou infusée pour ouvrir les perceptions.
Les Mayas l’utilisaient pour soigner diarrhées, rhumatismes, fièvres, troubles de l’humeur, et même pour colorer les vêtements grâce à ses pigments riches en caroténoïdes. La Tagetes minuta, quant à elle, est reconnue pour ses qualités antibactériennes, antifongiques et vermifuges. En Amérique latine, ses feuilles servent à préparer une sorte de pesto parfumé aux piments et à l’huile.
Au-delà de ses vertus médicinales, la tagète est une précieuse alliée des jardiniers.
Avec son parfum surprenant, fruité et légèrement piquant, la tagète trouve aussi sa place dans la cuisine.
L’empereur Charles Quint aurait découvert la tagète lors d’une expédition en Afrique en 1535, séduit par l’éclat de ses fleurs. On l’appela alors « fleur de Tunis », puis « Africaine ».
Le nom d’œillet d’Inde vient de sa ressemblance avec l’œillet commun et de son importation par les Espagnols depuis les Antilles, alors nommées « Indes occidentales ». En anglais, « marigold » dérive de Mary’s Gold, l’or de Marie, car ses fleurs servaient à orner les statues de la Vierge en signe d’honneur et d’amour.
Un soir de fin d’été, j’ai cueilli quelques fleurs de tagètes pour en faire une infusion. Six fleurs dans un demi-litre d’eau… et déjà, la vapeur dégageait un parfum sucré, ambré, légèrement épicé. À la première gorgée, j’ai senti la fleur tapisser mes muqueuses, libérer ma tête comme une soupape. Une chaleur douce m’a enveloppée, apaisant mes tensions nerveuses et digestives. L’eau prenait une couleur dorée, chargée de caroténoïdes bienfaisants, comme une lumière liquide. J’ai ressenti son lien profond avec la vision, comme si la fleur dialoguait avec mes yeux, m’invitant à fermer les paupières pour entrer en repos et en introspection. Elle m’a accompagnée vers le calme, l’ancrage, la gratitude – dans la continuité d’une journée de récolte et de partage au verger. La tagète m’a offert sa lumière intérieure, douce et stable, comme un soleil d’automne qui aide à préparer les réserves pour l’hiver, à garder la joie et la confiance au cœur.
« Ne te laisse pas détourner de toi-même. Sois patient·e. La lumière est déjà en toi. »
Pour aller plus loin, je vous invite à écouter le Podcast 22 – Les fleurs de tagètes sur TerraHerba – L’Appel du Vivant.