LA CATAIRE : l’herbe à chat et aux caresses contre le stress

Publié le 7 avril 2022 - Herboristerie au fil des saisons, Paroles de plantes

Nepeta cataria, Lamiacées

Ce matin, l’expérience d’herboristerie sensorielle avec mes consoeurs, nous a reliée à la cataire. Une plante que j’utilise très peu, et dont j’ai peu de connaissance. Je l’ai identifiée une fois, car elle ressemblait à s’y méprendre à la menthe. Tige carrée, feuilles opposées, formes décussées, fleurs en formes de lèvres – marques distinctives des lamiacées, en botanique. C’est d’ailleurs la prochaine plante médicinale que nous allons faire en semis, à la petite ferme urbaine.

Le contexte – Nous sommes assez fatiguées les unes et les autres, et nous sentons un niveau d’énergie bas. Mais cette rencontre en visio, est devenue incontournable, pour nous rapprocher les unes des autres, nous soutenir, et partager nos rencontres avec les plantes. Les maladies, la fatigue et les transitions sont encore d’actualités. Nous cherchons notre voie la plus profonde, nous tatonnons, nous expérimentons, nous nous renforçons. La vie, tous simplement ! Pour ma part, je suis en période de jeûn intermittent depuis 1 semaine. C’est une période de grande intensité, de connexion, au niveau spirituel. La fatigue commence à gagner mon corps ; Pendant la méditation, je constate des tensions plus du côté gauche, et au niveau des cervicales, des épaules et des omoplates. Je ressens du froid dans mes pieds, et de l’humidité, comme si je marchais dans la terre glaise. Il faut dire que depuis hier soir, le vent souffle à pleine vitesse, et que la pluie bat fort sur les fenêtres et baies vitrées. J’ai juste envie de rester sous la couette, et de me reposer.

Rencontre sensorielle avec la plante – Je décide de respecter mon jeûn, et de ne pas avaler la teinture. Je garde comme option la sentir, la gouter du bout de la langue, la garder en bouche et la recracher (gargarisme). Je ne suis pas sûre que cela me permettra d’en ressentir pleinement les effets, mais j’essaie. Quelle fut ma surprise !

Juste à l‘olfaction, j’ai senti une odeur fumée, légèrement amère, âcre. Elle a enveloppé mes fosses nasales, et s’est rapproché dans mon mental de l’hélychrise. Seule différence pour la cataire – une odeur sucrée et réconfortante.

Première pensée : ta présence est elle une protection, une guérison pour les blessures anciennes ?

Je la mets en contact avec mes papilles gustatives, qui détectent le goût fumé de façon encore plus intense. Comme si j’étais en face d’un feu de cheminée à respirer ses vapeurs. C’est lourd, et cela me ramène vers le bas, vers un ancrage profond.

Deuxième pensée : l’enfance – le souvenir du jeu des odeurs. Celui avec lequel je jouais avec mes enfants, et dont l’odeur de fumée repoussait ; alors que moi, je l’aimais particulièrement. Et oui… la machine à remonter le temps s’active, pour me retrouver dans le jardin de la Geltières, chez mes grands parents, au printemps. Période à laquelle tout le monde s’activait à tondre et ramaser la pelouse. Et surtout à élaguer les arbres, débroussailler, pour faire de la place, et laisser passer la lumière. Mon père était le gardien du feu. Au fond du jardin, éloigné des habitations, et non loin du puits, et du buis, il brûlait les branchages dans un tonneau. Il m’autorisait à tourner autour à un mètre de distance, pour faire ma danse des indiens, dans la fumée. Sous son regard vigilant et attentif, je chantais, dansais, tournais autour de ce tonneau. J’inhalais la fumée, et je me laissais aller à ma spontanéité de jeu d’enfant, comme une transe. Les améridiens me fascinaient et j’aimais imiter leur danse. J’avais le droit aux remontrances de ma mère au retour, qui ne supportait pas cette odeur de fumée froide sur nos vêtements. Mais c’était les vacances, moments de délivrance, et de retour à ma nature « sauvage », loin des apparences, et des exigences.

Pour revenir aux effets de la cataire dans mon corps, elle s’est d’abord logée dans mon système respiratoire, pour se poser dans mon plexus. Elle a tout de suite irradié dans mes épaules et mes omoplates, pour laisser place à la détente. Une fraicheur en bouche s’est installée. Et j’ai apprécié la circulation en visualisant en moi, comme un pétrin à pain qui tourne la pâte, ou un dervish turner qui fait valser sa jupe blanche. Un mouvement de spirale de haut en bas. Un sourire intérieur, une danse des fluides, une salive retrouvée dans la bouche.

Les partages des autres participantes ont été similaires :

Amertume et sucre – Piquant sur les côtés de la langue et sur le bout – Energie descendante à l’avant du corps, puis à l’arrière – Une sensation de détente, d’apaisement, dans les intestins, plexus, estomac, épaules – Enveloppement

L’herbe à chat, et à caresses – Le velouté de ses feuilles amène beaucoup de douceur et de tendresse.

Il semblerait que cette plante faisait partie des infusions ou décoctions, recommandées pour inspirer l’amour, au XVe siècle. Elle était très utilisée dans des rituels de magie, pour attirer la chance dans la maison, renforcer l’amour ou l’amitié, créer un lien plus fort avec son chat.

Quant une femme veult estre de son mary ou de son amy bien amée, si lui face mengier herbe de chat, et il sera d’elle si très-amoureux qu’il n’aura aucun repos se d’emprez elle n’est.

Le Folk-Lore de la France*

Nous avons d’ailleurs constaté ensemble beaucoup de douceur dans cette rencontre. Nos chats sont venus nous rendre visite, et s’installer devant nos ordis, attirés par l’odeur de la cataire. Ce n’est pas pour rien, que son nom populaire est l’herbe à chat. Ca aussi été le moment de l’allaitement pour petit Paul. Sa maman a pris l’habitude de prendre cette plante pour apaiser ses poussées dentaires. Comme si elle nous rappelait sa signature spécifique pour les enfants de premier age. En infusion ou en teinture, la cataire est antispasmodique, apaise les coliques du nourrissons, et calme l’anxiété, les cauchemards, les colères, les peurs incontrolées. Elle est souvent associé à la camomille matricaire.

Relaxante et digestive – ** Par son amertume, elle est de nature refroidissante. Elle est diaphorétique et « fait sortir » la fièvre par la sudation. Anne Vastel nous dit qu’elle disperse les stagnations du Qi du Foie. Tous ces nœuds internes crées par la sédentarité, l’excès de nourriture, les médicaments, les polluants. Et qui peut générer les colères, les frustrations, l’impatience, voire l’agressivité. Elle est très recommandée pour les troubles menstruels. Elle facilite le cycle, calme les douleurs. Par son côté emménagogue, il faut éviter de l’utiliser pendant la grossesse.

Reminéralisante – Christophe Bernard nous dit que 30 grammes de cataire infusés contiennent :

  • 205 mg de Calcium
  • 69 mg de Magnésium
  • 783 mg de Potassium
  • 4,6 mg de Fer
  • 1,25 mg de Manganèse

Plus d’informations sur le site d’Althea Provence

ÉLIXIR FLORAL

Fleur des chats : Pour les personnes qui se sentent léthargiques, apathiques, dans un nuage mental. Ces mêmes personnes ont tendance à avoir des problèmes métaboliques digestifs. L’élixir de cataire aide à garder le mental alerte et à diminuer les troubles de la concentration.

Anne MCINTYRE ***

Sources d’inspiration : Luminessesns.org – *Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore, Paul Sébillot ; **Anne Vastel, médecine traditionnelle chinoise, plantes médicinales occidentales. ***Materia Medica, Floramedicina, Christophe Bernard, Althea provence