J’ai mis cette semaine ma famille en priorité. Ma fille a quitté Brest pour passer quelques jours avec nous, à l’occasion de mon anniversaire. J’ai fêté mes 51 ans entourée de belles personnes, heureuse de partager tant d’amour. Mes plus cadeaux : c’est l’équilibre de mon couple, l’épanouissement de mes enfants, de mes neveux, l’amour de ma sœur, de mon père, la chaleur de mes amis. J’ai toujours privilégié la qualité de ces liens, de cet attachement, à la quantité de travail. Je n’ai jamais hésité à m’arrêter, à prendre des congés parentaux, à alléger mon emploi du temps, pour prendre soin des autres. Par contre, j’ai mis plus de temps à m’arrêter pour prendre soin de moi. Aujourd’hui, cela devient une évidence, une condition sinequanone à ma vitalité, à mon énergie. J’ai appris à équilibrer la balance du don, par le recevoir. Car à force de trop donner, on sacrifie une partie de soi. L‘apprentissage des limites, du non, de l’individualisme s’est fait en apprenant à m’aimer . J’ai compris que pour prendre soin des autres, il faut d’abord prendre soin de soi. Aujourd’hui, dans mes contraintes, je dégage toujours un temps de balade, de sauna, de vélo, de film, de lecture, de massage. Et je vieillis avec tranquillité, en accueillant avec joie, ce nouveau cycle .
Aujourd’hui, j’ai rdv avec mes super collègues herboristes. C’est toujours un moment de joie. Mais je n’ai pas eu le temps de me procurer la plante choisie qui est le gaillet. Qu’à cela ne tienne. J’enfile mes chaussures de rando, je me couvre bien pour affronter les températures hivernales, et je pars marcher à la recherche du Gaillet. J’observe la feuille rouge de l’érable qui reste désespéremment accrochée à sa branche dénudée. J’ai envie de lui dire, laisse toi aller. Ne résiste pas au cours de la vie. Laisse toi tomber sur le sol, et accepte de devenir humus. Ton cycle de vie est arrivé à sa fin. Célèbre ta forme, ta couleur, ta beauté. Et rejoins la terre qui va te transformer.
Je regarde sur le talus à proximité. Et qui vois je ? Les gaillets ! Un premier, qui je pense fleurit jaune. Et le gaillet gratteron, de son nom latin, Galium aparine. Celui qui s’accroche au poil des animaux, grâce à ses trichomes crochus. Des crochets qui peuvent servir de grattoirs à récurer les casseroles, pour les scouts. Il est fièrement dressé sur sa tige, en colonie. Quand je le cueille, il est plus souple que ce qu’il donne à voir. Sa tige se casse, et laisse apparaitre un filament central, aussi solide qu’un fil. Il est reconnaissable par ses 6 feuilles qui l’entourent à chaque étage. Le terme botanique est Feuilles verticillées. A la base de cette corolle, une nouvelle excroissance donne à une toute petite fleur.
*Ainsi, les feuilles de G. aparine peuvent fonctionner comme organes d’attache, et simultanément s’orienter avantageusement pour leur fonction photosynthétique.
Une voisine me voyant juchée sur ce talus, me demande ce que je ramasse. Je suis toujours émerveillée par ces facilités de communication quand nous sommes dans la nature, ou quand les gens promènent leur chien. Ce sont des tiers médiateurs de relation. La curiosité mutuelle nous invite à discuter, à échanger, à sourire. Je lui raconte qu’autrefois, lorsque le café se faisait rare, les petites graines du gaillet gratteron étaient torréfiées, pour le remplacer. En effet, il appartient à l’illustre famille des Rubiacées. Et nous nous sommes quittées, avec un peu plus de gaieté.
Infusion de Gaillet frais
J’ai donc choisi de laisser infuser ma plante fraiche. En versant l’eau chaude, j’ai tout de suite senti cette odeur de foin, d’herbe fraichement coupée, qui caractérise les coumarines. Un principe actif fluidifiant, potentiellement allergisant. La feuille est jolie dans la tasse. Elle flotte, prend sa place, et colore l’eau d’un vert tendre. Je suis surprise par le goût. On dirait le goût d’une racine, pleine d’inuline. Style bardane, topinambour. Est à dire qu’il a un aspect intéressant pour le microbiote intestinal ?
En médecine chinoise, voici les constats d’Anne Vastel
L’utilise si présence d’Humidité ou Glaires Chaleur situées surtout dans la haut du corps, de la tête au bassin. Bouge et déloge l’Humidité, ramollit les glaires denses. Peut créer des crises d’élimination. Attention il ne mène pas le Pervers aux portes de sortie, combiner avec ortie et/ou pissenlit. Utilisé en cas d’eczéma suintant, psoriasis, ganglions enflés, seins engorgés ou avec kystes. Très efficace. si Feu associé
Ma première sensation est de ressentir du froid dans le dos. Et quand je ferme les yeux, de ressentir le mouvement de mon corps. Comme un battement en spirale, qui sort dans mes oreilles, en tourbillonant. C’est une étrange sensation. Comme si tout se concentrait autour de mon cœur et amenait un mouvement de spirale autour d’un axe vertical. Et une autre concentration dans mes oreilles, avec une spirale autour d’un axe horizontal. Comme si j’avais envie d’expulser des choses de mon corps. Je ressens un pic au sein droit . Et tout reste concentré dans le haut du corps. J’apprécie la saveur d’herbe, un peu fumée, qui me rappelle le goût de la brunelle. Le froid s’est installé sur mon dos comme une plaque supérieure. J’ai envie d’uriner, d’éliminer. J’ai maintenant un goût d’haricot en bouche. Je pense au lien avec les Reins et l’étincelle qui est en nous : le jing, l’essence vitale. Ce feu intérieur et ce rappel du cycle de la vie et du vieillissement. Mon attention se porte alors sur mes ovaires. Je sens un lien profond avec le système reproducteur. Ma respiration remonte vers mon plexus, que j’ai l’impression de dénouer. Je me sens nourrie, remplie, en sécurité. J’ai juste envie de me mettre en mouvement pour réchauffer mon dos.
Caroline Gagnon, dans le Materia medica nous le décrit ainsi :
En nettoyant autour des organes, il favorise leur fonctionnement. Matthew Wood dit de lui « [qu’]il reconnecte le système lymphatique, rétablissant la communication entre toutes les parties ». Il est intéressant à utiliser après la prise d’antibiotiques ou d’antiseptiques dans le but d’aider le corps à se débarrasser des débris résiduels.
Excellent remède du système reproducteur qui peut avoir tendance à s’enkyster, le gaillet aide pour les kystes au niveau des seins, des ovaires et des testicules.
Il aide à défaire les calcifications dans les tissus conjonctifs partout dans le corps, il diminue et prévient la formation de calculs rénaux. En augmentant la quantité d’eau dans l’urine et par sa qualité anti-inflammatoire, le gaillet diminue l’inflammation et l’irritation de tout le système urinaire.
*** En faisant des recherches un peu plus approfondies, je découvre que le Galium aparine a une action antioxydante profonde, entre autre par l’action de ses flavonoïdes et phénols. Intéressant pour le vieillissement des cellules.
Ces résultats suggèrent que la fraction aqueuse peut être une bonne source d’antioxydant thérapeutique dans les dommages causés par le stress oxydatif.
Lorsque nous sommes attentifs aux signes en nous et autour de nous, c’est merveilleux de découvrir la perfection des éléments. Cette petite plante herbacée, que tout le monde maudit dans son jardin, en la traitant de mauvaise herbe, se révèle être une très grande alliée, détoxifiante et antioxydante. Et j’ai l’impression qu’elle n’a pas fini de nous étonner. Avec sa capacité à s’accrocher, elle est réussit à déloger les métaux lourds de nos articulations, du système nerveux, pour les remettre en circulation. Elle est de nature froide. Je recommanderai de l’utiliser plutôt en période de printemps et d’automne, plutôt qu’en période d’hiver. Il faut également s’assurer que tous les émonctoires sont dans un état optimal de fonctionnement : intestins, vessies, peau, colon … toutes les portes de sorties doivent être ouvertes pour éliminer l’ancien, et faire de la place pour le nouveau. Le mouvement, l’exercice physique, une bonne hydratation, et une nourriture riche en fibres va assurer l’efficacité de la plante. Sinon, une crise d’élimination peut être crainte. Je recommande vivement d’être accompagné pour assurer ce type de détoxification, quand c’est la première fois, et que les « encrassements » sont grands.
Ces plantes et ces techniques aident à aller chercher les toxines là où le corps les a emmagasinées : surtout dans les cellules adipeuses et les articulations. Il est important de réaliser que cela implique que certaines toxines stockées depuis longtemps vont être remises en circulation et peuvent causer du dommage, si le corps n’est pas prêt à les gérer et à les évacuer.****
Le chemin de la sortie des métaux lourds
Tout d’abord, il est important de bien comprendre le chemin que doivent prendre les métaux lourds pour sortir de notre corps une fois qu’ils y ont été emmagasinés.
1) Ils doivent sortir de la cellule (en se liant à de la métallothionéine ou du glutathion intracellulaires);
2) être acheminés hors du milieu intracellulaire vers le sang;
3) être transportés du sang vers le foie (le plus commun) ou les reins;
4) être transportés du rein vers l’urine; OU
5) du foie vers la bile;
6) être transportés à l’extérieur du corps avant d’être réabsorbés dans l’intestin…
C’est tout ce processus que l’on veut favoriser et soutenir lors d’une détoxification de métaux lourds. Il est important de souligner également que nous ne sommes pas tous égaux face aux métaux lourds. L’efficacité des systèmes de détoxification varie énormément d’une personne à l’autre. Il faut donc faire preuve d’une grande vigilance et de beaucoup de flexibilité dans l’ajustement des dosages et le choix des plantes.****
Sources d’inspiration
* Always on the bright side: the climbing mechanism of Galium aparine, Georg Bauer,Marie-Christin Klein… – **Materia Medica, école canadienne d’herboristerie Flora Medicina – ***Spectrochimica Acta Part A: Molecular and Biomolecular Spectroscopy – Volume 102, February 2013, Pages 24-29 – Evaluation of diverse antioxidant activities of Galium aparine – ****Détoxification sans danger, école canadienne d’herboristerie Floramedicina