Le cœur du lion, s’est invitée ce matin, dans notre cercle de femmes herboristes. C’est le nom populaire de cette lamiacée, appelée plus communément l’agripaume. On lui doit aussi ce nom de queue de lion, grâce à sa feuille très découpée, ressemblant fort au lycope d’Europe. C’est probablement celle que j’ai identifiée avec Annie Ardois, jardinière des potagers essaimés, lors d’une visite de jardin. Ses fleurs s’incrustent à sa base, donnant l’étrange impression de nœuds vertébraux sur un squelette. Elle pousse surtout dans les pierres et les décombres. Son éthymologie, agrius, la renvoie à son caractère sauvage. Elle est résistante et solide comme un roc.
Car oui … elle est sauvage, à nous en décoiffer ! L’expérience sensorielle partagée nous l’a démontrée ce matin.
Nous étions fatiguées par différents contextes émotionnels, au moment de nous retrouver. Ma météo intérieure était plutôt à la tristesse, et à la lourdeur. La méditation guidée, d’ouverture à la lumière, à l’intuition, à la respiration, a amené en moi, une grande fraicheur. J’ai visualisé un mouvement interne dynamique, en suivant le rythme respiratoire. Une connexion entre terre et ciel.
A l’olfaction, et par la visualisation de l’agripaume, l’image de la queue de lion, a amené cette sensation de puissance. Christophe m’avait dit de prévoir un sucre pour la gouter, tant elle était amère. Mais je dois particulièrement aimer l’amertume. Car elle ne m’a pas dérangé. Je l’ai même trouvée presque sucrée. Première indication qui m’encourage à dire qu’elle m’est appropriée, en ce moment.
Dés les premières gouttes de teinture d’agripaume sur ma langue, j’ai pû suivre le trajet descendant. Dans la bouche, puis dans le thorax ; dans le ventre, puis dans l’utérus. Monica a eu cette vision de la descente d’un ascenseur. Et une image étrange m’est apparue. Comme si l’on ouvrait mes chairs lors d’une opération chirurgicale, pour laisser apparaître mes entrailles. Ca me paraît un peu fou de partager cela avec vous. C’est comme si je me mettais à nu. Pour aller explorer les profondeurs de mon être. Mon ventre a gargouillé, je me suis mise à roter, j’ai observé un sifflement dans mes oreilles. Et mon corps a soudain tout relâcher. Il s’est déposé. A enchainé par un baillement. Mon mental a décroché. Monica a utilisé cette image très juste, du corps après un shoot de drogue ! Comme une station de béatitude après l’extase.
Depuis 15 jours, l’agripaume accompagne mon quotidien. Elle m’a permis de réguler mes émotions, et mon hypersensibilité, en ramenant l’énergie vers le cœur. Comme un pansement, une grand-mère bienveillante, elle me rappelle de prendre soin de moi avec amour. Elle me connecte aussi à la verticalité, à plus grand que moi. En me centrant, elle m’aide à prendre de la hauteur.
Leonurus cardiaca – l’herbe de la femme (motherwort)
Elle transforme l’amertume en réconfort.
C’est une plante très aromatique, et amère. Elle est digestive par son amertume, refroidissante, et légèrement laxative. Elle calme les bouffées de chaleur. Elle est utilisée dans la pharmacopée traditionnelle depuis très longtemps. Elle est plantée dans les carrés des simples des abbayes et des monastères.
Cette plante est comme la présence d’une mère protectrice et rassurante. Elle aide les femmes à se tenir debout, à se reconnecter aux différents cycles de la vie. Des menstrues compliquées de l’adolescence, à l’hypersensibilité, à l’épuisement de l’accouchement, aux transitions hormonales de la ménopause. Elle fluidifie le sang, ramène du mouvement, fait circuler. Sarah Maria Leblanc dit qu’elle pacifie le chemin entre le cœur et l’utérus.
D’après Marie-Soleil Larouche, c’est une plante qu’on utilisera pour redonner du courage aux cœurs fatigués, soit lors d’accouchements longs, difficiles et « lorsque la force n’est plus au rendez-vous ». De plus, selon le livre de Susun S. Weed Wise Woman Herbal for the Chilbearing Year, les sages-femmes qui donnent 10 gouttes de la teinture d’agripaume suite à la délivrance disent ne jamais avoir fait face à des hémorragies.
Elle a une affinité avec le système cardiovasculaire : elle corrige les rythmes du cœur, perturbés par les intempéries émotionnelles. Arythmies, hypertension, palpitations, anxiété.
Elle est vraiment aux couleurs de ma semaine et de mes émotions. Elle me renvoie aux bras réconfortants de mes amies, de mes sœurs de cœur, de mes collègues. Elle réactive la douceur et l’amour. Et le rappel des cercles de femmes, qui s’entraident, se soutiennent, s’encouragent.
C’est avec cette énergie de puissance, d’apaisement, et de réconfort, que l’on construit avec Anne Danibert, des propositions de journées pour les femmes vivantes et femmes vibrantes que vous êtes : expérimenter ensemble de nouvelles pratiques. Avec Karine Huet, les détox ayurvédiques, reprennent leur chemin sous la forme de journées pour des petits groupes à St Sébastien. Alors qu’avec les zirondelles, les rencontres de femmes se font dans le quartier de bellevue, 1 vendredi par mois, au rythme des saisons. Soyez les bienvenues !
Quoi qu’il arrive dans votre vie, sentez vous reliés au centre de la terre, à la matrice originelle, à vos mères, et vos grand mères. Réconfortez vos petite filles intérieures, qui ont tant besoin d’être bercées. Et rappelez vous de la sécurité et de la chaleur de cet utérus qui vous a abrité pendant 9 mois. Imaginez la force et la puissance générée pour accoucher. Appréciez le relâchement, l’apaisement et la béatitude, dans le regard de votre enfant. Prenez soin de vous comme de cet enfant venu au monde !
Sources d’inspiration : Marie Pénélope Pérès et Sarah-Maria LeBlanc, Sagesses et pouvoirs du cycle féminin – lestrappeus.es/trousse-de-maternite-grano-dune-apprentie-herboriste – Christophe Bernard, altheaprovence.com – luminessens.org