Danse avec la Vie, en toi et autour de toi pour l’année 2021 – renaît…

Publié le 31 décembre 2020 - Carnet d'humeur

Le plus long des voyages, c’est de changer de regard 

Marcel Proust

Elle nous a déstabilisée dans nos habitudes de vie, dans les rythmes cadencés de nos quotidiens.

Elle nous a confrontée à la maladie, à la mort, aux deuils, à l’impermanence de nos petites vies. Elle nous a rappelé l’humilité indispensable, face aux lois universelles. Tel un boomerang, elle nous a renvoyée en pleine face, la réalité de nos déséquilibres. Sur cette planète terre, nous oeuvrons à l’encontre des rythmes naturels, des cycles. Nous sommes pressés, avides de richesse, de possessions matérielles, de pouvoir et de puissance. C’est comme si nous agissions, contre les lois de la gravitation, comme si nous voulions faire tourner la terre dans l’autre sens. Nous voulons maîtriser le ciel, la météo, l’espace, la terre, ses minerais, ses trésors. Tout extraire, mettre au grand jour, et nous gaver de richesses, quitte à en crever. L’homme s’approprie des territoires, sans prendre le temps de comprendre son langage, sans le respecter. Il détruit, sabote, et délaisse. Il provoque des conflits, des tensions, des guerres, qui déplacent des populations civiles, les extirpent de leur terre, de leurs racines. La graine semée, engendre la colère, la rancune, l’amertume. Un cycle toxique, qui nous asphyxie à n’en plus finir

Nous sommes en permanence, happés à l’extérieur de nous mêmes. Nous n’habitons plus nos corps. C’est eux qui nous dominent ! Anxiété, peurs, maladie, dépressions, suicides. Comme le décrit Eric Jullien, nous vivons l’apoptose : le suicide de nos cellules, lorsqu’elles n’ont plus d’informations sur leur utilité. L’être humain se cache derrière des masques, des classes sociales, des castes, des cases, pour se conformer aux apparences admises. Mais lorsqu’il n’a pas de reconnaissance, de regard, sur son rôle social, sa posture, il meurt « à petit feu », tombe malade, s’épuise. Lorsqu’il n’est plus productif, il est mis à l’écart dans des ehpad, dans des hôpitaux psychiatriques, dans des zones urbaines délaissées. Est ce modèle de société, que l’on veut léguer à nos enfants ?

La fameuse covid a exacerbé l’isolement, a mis au grand jour, les inégalités, les injustices, déjà existantes. Elle a creusé l’écart entre ceux qui possèdent, et ceux qui survivent. Tout s’est arrêté pendant le confinement. Les hommes ont dû réapprendre à vivre ensemble dans leurs petits appartements, dans leur quartier, dans leur territoire proche. Cela a été l’occasion de redécouvrir les terres proches de chez soi, les arbres, les oiseaux, les plantes, ou le bitume, la grisaille, la saleté. Dans la vulnérabilité, des solidarités sont nées : des sourires aux voisins, des rendez-vous au balcon, des mobilisations pour la survie des plus démunis face à la crise, ds regroupements familiaux ou amicaux. Dans les privations de liberté, de culture, d’art, nous avons redécouvert notre besoin de chant, de danse, de célébration, de partage. Peut être avons nous été plus présents, et avons nous déclaré plus souvent notre amour à nos proches !? Ou avons nous pris conscience de ce qui était toxique pour nous, pour nous en éloigner définitivement ?

L’écoute de cette interview d’Eric Jullien sur la vie des indiens kogis, m’a inspirée beaucoup d’espoir. Nous sommes en pleine mutation, et nous devons accepter de nous transformer, de revenir au Vivant en nous, et autour de nous. Bien sur, le chemin est semé d’embuches, d’obstacles, de résistance. Mais nous sommes en capacité de relever le défi.

« Tu es, donc je suis » – la façon dont nous nous comportons avec l’autre, avec notre territoire, avec le vivant, conditionne notre manière d’être, et notre qualité de vie. Le système du collectif, pour les kogis, est basé sur l’accès équitable à la terre, à l’éducation, à la santé, à la justice. C’est un modèle, certes utopique aujourd’hui, mais que l’on pourrait appliquer, à notre petite échelle. Avec cette crise, on réalise combien il est difficile de modifier les systèmes économiques et sociaux actuels. On découvre avec effroi, , par les interdictions, ce qui fait peur au gouvernement : les réseaux d’éducation, de santé alternative, les lieux de rencontre, de culture et d’art. Mais les expériences de coopérative d’activité, de regroupements des terres, de gestion collective, d’habitat partagé, les manifestations pour le maintien des droits, la permaculture, les ecolieux, la gouvernance partagée montrent leur efficacité face à la crise, et proposent de nouveaux modèles. C’est ce qui nous maintient VIVANT : des valeurs, du sens, du temps, le territoire, la vie intérieure ! Continuons à inventer collectivement. Nous devons réfléchir et agir autrement.

Cela passe par une transformation individuelle, qui peut prendre plus de temps. Cela implique de s’occuper de sa vie intérieure, de ré-apprendre à être en pleine présence dans nos actions, de tous les jours. L’individu a la responsabilité d’habiter son corps, de faire connaissance avec ses émotions, de nourrir sa paix intérieure. Les moyens d’atteindre ces états sont simples et accessibles à tous: la méditation, l’émerveillement, le chant, la danse, l’art, sa qualité d’échange et de relation avec les autres. Et s’ils vous paraissent compliqués, rapprochez vous des personnes qui peuvent vous transmettre ces manières d’ÊTRE. L’humain s’inscrit alors dans un système de résonance avec l’arbre, la roche, la fleur, l’eau, le vent, le soleil, la terre, le feu. Le Vivant devient une dynamique, un réseau dans lequel il danse, et fait corps.

Sois présent à toi même, habite ton corps, et tout devient sacré et magique

Eric Jullien