Brûlures au second degré : l’expérience des compresses de miel

Publié le 6 juin 2023 - Carnet d'humeur

Le retour du soleil sonne pour moi, la multiplication des animations, et des interventions en herboristerie. C’est une période que j’affectionne particulièrement, pour vous retrouver sur les chemins boisés, et vous faire découvrir les plantes sauvages comestibles. J’aime partager ces rencontres, et lire l’émerveillement et la joie sur vos visages. J’ai choisi ce métier de praticienne en herboristerie, pour le plaisir d’allier les immersions dans la nature au fil des saisons, et les accompagnements individuels. J’ai fortifié mes connaissances avec l’école floramedicina pendant 8 années, ne me sentant pas légitime avec mon seul certificat de phytotlogue herboriste, et mon expérience professionnelle de 20 années sur le terrain d’éducatrice. Avec l’énergie et le soutien de mes profs, les encouragements de mon mari, j’ai bâti une solide confiance dans mes propositions. Je vous ai observé, je vous ai écouté, je vous ai transmis des recettes à mettre en place dans votre quotidien. J’ai construit une manière particulière de vous accompagner avec les plantes, avec la pleine conscience somatique, et l’approche interculturelle. Chaque jour, je m’émerveille de révéler vos ressources intérieures : comme ce coquelicot de la kabylie de votre grand-mère, venue apaiser votre toux. Comme l’olfaction de cette essence d’ylan-ylang, venue raconter à la ménopause, la culpabilité de votre toxicomanie d’adolescence, et le besoin de laisser s’épanouir la sensualité de cette femme devenue sage. Ce sont des instants magiques, ou tout prend un nouveau sens.

Et pourtant … ce métier choisi, aimé, n’est pas toujours facile à développer pour générer un revenu suffisant pour mon propre épanouissement. Depuis le covid, on assiste à une prolifération des offres de santé alternative, plus ou moins sérieuses. On demande à l’entrepreneur d’être sur tous les fronts, et surtout, de briller sur les réseaux sociaux. De se distinguer, de montrer sa spécificité, de créer sa communauté. Les chatgpt tendent à remplacer nos chroniques plus subjectives, les tutos de recettes gratuites, les formations et accompagnements peu chers concurrencent nos offres. Tout le monde s’improvise guide nature, herboriste, naturopathe. Les contrôles des autorités se renforcent et ravive cette mémoire profonde de la chasse aux sorcières. J’ai l’impression de devoir être sur tous les fronts, de me battre contre des moulins, en dépensant beaucoup d’énergie, sans pouvoir thésauriser. Je me pose même la question de prendre un boulot alimentaire pour augmenter mon revenu. Car comme pour tout le monde, le niveau de vie devient cher.

A force de me lire, vous finissez par me connaître ! Et même si parfois, mes expériences et mes interprétations semblent, tirées par les cheveux, je ne peux m’empêcher de faire le lien entre mon stress, ma peur de ne pas arriver à boucler les fins de mois, et l’expérience de cette brûlure profonde. Alors que tout s’accélére autour de moi, que les activités s’enchainent, que je mets enfin en place tous les projets construits, négociés au printemps. Que je prends la décision de lever le pied sur mes activités bénévoles. Je fais une pause avant d’emmener ma filles faire des courses. Je laisse l’eau de la bouilloire frémir à gros bouillon.

Je me sers une tasse ronde de thé, que j’installe sur ma banquette. Je me décide enfin à me poser. Sur cette assise moelleuse, la tasse bascule et verse sur ma jambe gauche, son liquide bouillant. J’hurle de douleur. Je saute de mon pantalon, que j’enlève à toute hâte car il est en matière synthétique. Et je cours dans la salle de bain, pour laisser couler un filet d’eau froide sur ma jambe en feu. Je pense que mon cerveau n’a pas tout de suite compris ce que cela impliquait. J’essayais de garder mon calme pour ne pas inquiéter ma fille. De rassembler mes pensées, pour voir si je devais appeler les urgences, ou si j’avais la capacité de faire face seule. Dés que j’enlevais l’eau froide, la brulure redevenait criante. J’alternais avec des cataplasmes d’argile, des prières, des invocations. En médecine chinoise, on sait que le feu est apaisé par l’eau et la terre. Et je place ma confiance en Dieu, pour me sortir de cette épreuve douloureuse. 10 mn passe, et rien ne se calme.

La veille, j’étais dans les champs de Magalie à Vertou (Tout simplement) et j’y ai rencontré Anne-Hélène Ségalen qui avait appris les plantes lors d’une formation avec moi. Elle était heureuse de me laisser sa carte de visite, en me racontant ses résultats incroyables pour couper le feu, en tant que magnétiseuse. Je comprends ce qu’elle me dit. Mon oncle, Alain, était appelé au service des grands brûlés pour calmer des brûlures profondes. Je me rappelle de l’expérience qu’il nous avait relaté. Un de ses amis avaient été brûlé par une ligne à haute tension. Il avait été mis en coma artificiel tellement c’était douloureux. Et il l’a accompagné tous les jours, en magnétisant sa blessure, et en provoquant l’admiration des soignants pour les résultats obtenus. J’ai donc pris sa carte, en me disant que ca pourrait utile pour des proches ou des clients. Mais je n’avais pas imaginé que ce serait utile pour moi ! Sa carte est sur mon bureau. Ma fille me l’emmène avec mes lunettes. Mon corps concentré sur la douleur, était incapable de se concentrer sur la netteté de ma vue. 5mn après mon appel, Anne-Hélène me rejoint dans ma salle de bain. Me trouve en petite robe sous la douche. Et on rit ensemble de la situation cocasse dans laquelle on se trouve, et des synchronicités ! Pendant 45mn, elle passe sa main gauche sur ma jambe, et je sens le froid. Elle passe sa main droite, et je ressens la brulure. Et ma douleur passe du niveau 9 au niveau 4. Je peux témoigner que cela m’a fait beaucoup de bien, et je vous recommande ses services.

Au fur et à mesure, je sens ma peau qui cloque. Je vois des bulles superficielles se former. Je réalise qu’il ne s’agit pas d’une simple brulure. Ma peau n’est plus simplement rouge en superficie, mais elle est devenue blanche, et forme de grosses ampoules emplies de liquide. Je comprends que le derme et l’épiderme sont touchés. Je ne supporte aucun contact, aucun frottement avec un quelconque vêtement, ou tissu. Je regarde autour de moi ce qui pourrait m’aider. Je trouve mon aloe vera ! Je coupe ses feuilles en 2, et j’applique le gel sur les cloques. Je sens un soulagement immédiat. Qui disparaît dés que je l’enlève. Je renouvelé ce cataplasme toute la nuit, toutes les heures. En alternant avec des pulvérisations d’eau coranisée, et d’hydrolat de menthe poivrée. Autant vous dire, que mon aloe vera n’a plus beaucoup de feuilles aujourd’hui ! Il va falloir que je renouvelle mon stock. Bien qu’une précieuse amie coach, Florence Laigle, m’a ramené plus tard une autre plante aux mêmes effets : la bulbine. Je vais en faire des cultures.

Le lendemain, je réalise que je vais devoir vivre dans l’instant présent, et ne rien projeter. J’annule tous mes rendez-vous, mes animations. Et j’accepte, frustrée, de prendre soin de moi. Car mes lectures et l’inquiétude de mes filles ne me rassurent pas. Je vois qu’il faut être très prudent en cas de brûlures du second degré. Qu’il faut 7 à 14 jours de surveillance. Et surtout, qu’il faut éviter l’infection. Je ne suis pas sûre de moi, et de mon auto médication ; J’envoie un message à des collègues herboristes pour leur demander conseil. J’appelle mon mari qui est au Sénégal. Et il me conseille de faire des compresses de miel. Je n’en ai jamais fait, et j’ai peur que le miel sèche, se colle à la peau, et empire la situation. Alors je me mets à faire des recherches. Et je me plonge dans des recherches poussées sur les vertus cicatrisantes du miel. L’article du Dr Descottes sur l’expérimentation de la cicatrisation par le miel au Chu de Limoges, et les recherches des biologistes du monde arabe, finissent par me convaincre d’essayer. Les usages populaires du miel ont fini par convaincre le monde médical, qui l’a introduit dans son univers très aseptisé et protocolaire, avec des résultats formidables.

l’usage du miel dans le traitement des plaies infectées est reconnu depuis l’Antiquité.

Le miel est un produit sauvage d’origine à la fois végétale et animale. Impossible à recréer artificiellement, il est composé de plus de 200 substances grâce auxquelles le miel possède de très nombreuses propriétés thérapeutiques, notamment antibactériennes et cicatrisantes

Le pouvoir antibactérien du miel provient essentiellement de cinq facteurs : les sucres et leur pouvoir osmotique, le peroxyde d’hydrogène, le méthylglyoxal, la défensine-1 et le pH. A cela s’ajoute des composants moins connus à ce jour : les inhibines dites « non peroxydes » – (KWAKMAN et ZAAT, 2012).

En définitive, le miel est capable d’assurer une réparation tissulaire harmonieuse de par ses propriétés à la fois antibactériennes, cicatrisantes, anti-inflammatoires et antioxydantes. Véritable pansement humide bioactif, il est d’une efficacité remarquable quant à l’éradication des bactéries et la cicatrisation de toutes sortes de plaies.

D’après l’article, les compresses de miel sont plus efficaces que les pansements gras.

La cicatrisation est plus rapide, et les risques d’infection diminuées par l’activité antibactérienne et antiinflammatoire du miel. J’ai donc tenté l’expérience avec un miel de montagne bio. Et pour renforcer son effet calmant et cicatrisant, j’ai ajouté des gouttes d’huiles essentielles de lavande vraie. J’ai pris une petite cuillère, et j’ai appliqué délicatement cette préparation sur mes cloques, en prenant garde de ne pas les éclater. J’ai couvert d’une compresse, et bandé le tout afin de pouvoir bouger à la maison, la jambe à l’air libre.

La cicatrisation est un phénomène très complexe faisant intervenir une multitude de cellules, de composants inflammatoires et de médiateurs solubles (cytokines) qui communiquent et interagissent ensemble pour aboutir à la reconstitution d’un tissu lésé. Il s’agit d’un processus dynamique continu qui s’articule généralement en plusieurs étapes successives pouvant se chevaucher à la fois dans le temps et l’espace …

L’efficacité du miel face aux traitements traditionnels a donc été clairement établie, et ce dans le traitement d’un large éventail de types de plaies (brûlures, ulcères, plaies abdominales). En effet, les pansements au miel permettent non seulement
d’accélérer nettement la cicatrisation et la stérilisation des plaies, mais limitent également les problèmes esthétiques (cicatrices hypertrophiques) ou fonctionnels (contractures post-
brûlures) associés

Le miel exerce par ailleurs une action analgésique. D’une part lors du processus
d’inflammation, il permet de réduire la douleur par effet mécanique et chimique en diminuant respectivement le volume des exsudats (et donc la pression tissulaire) ainsi que la libération de prostaglandines, tous deux responsables d’une excitation des terminaisons nerveuses (UNAF, 2012).
D’autre part grâce à son osmolarité, le miel entraîne un afflux important de fluides. Ce
phénomène empêche non seulement l’adhérence des pansements à la plaie permettant par ce biais leur retrait sans douleur, mais évite également d’abîmer les tissus néoformés sous- jacents (LECHAUX, 2013a)

Ainsi, les sucres améliorent la nutrition des cellules réparatrices de la plaie avec
augmentation du métabolisme des lymphocytes, des polynucléaires neutrophiles, des
monocytes et des macrophages. Quant aux vitamines du groupe B, elles favorisent plutôt la régénération cellulaire et participent à l’hydratation de la peau. La vitamine C, le fer ou le cuivre stimulent en outre la production de collagène (DE BODT, 2004) (TOMCZAK, 2010).

Ce qui m’a le plus étonnée, c’est que les compresses s’enlevaient facilement. Le miel ne séchait pas, et formait une pellicule protectrice et humide sur ma peau. Je renouvelais l’application toutes les 3h, puis 3 fois par jour, sur une période de 7 jours. Je nettoyais avec l’hydrolat de menthe en pulvérisation et en passant délicatement le gant. Je voyais au fur et à mesure, les cloques se vider de leur liquide protecteur, et s’assécher. N’en pouvant plus de dormir avec ces compresses humides, j’ai fini mon traitement, par l’application de propolis en spray, et l’hydratation des tissus avec de l’huile de millepertuis.

Au bout de 10 jours, les peaux mortes superficielles sont tombées pour laisser place à une peau rosée de bébé. J’ai vraiment eu la sensation de vivre une mue, comme les reptiles. De me débarrasser de ce qui ne m’était plus utile, pour laisser place au nouveau. Un travail de l’instant présent, du prendre soin, du lâcher prise. Je suis restée optimiste et confiante dans mes capacités de guérison. J’ai vécu de beaux moments de partage avec mes proches, très soutenants pendant cette période. Et je me suis rappelée que l’amour surmonte les peurs. Depuis, je me sens plus sereine et plus centrée. Je vise le centre de la cible et j’essaie de ne pas me disperser. Pour ne pas avoir la sensation d’être partout, et d’être nulle part. D’être ici et ailleurs. Je réexamine mes intentions dans chaque action, et j’évalue le temps passé et les résultats.

Quoi qu’il en soit , je vous souhaite de ne pas passer par l’expérience de la brûlure pour vous recentrer. Et j’espère que si vous vous brulez un jour, vous repenserez à cet article, et aux différentes étapes des compresses de miel. Passez un bel été, à l’abri des coups de soleil !

Sources d’inspiration :

– https://www.pollenergie.fr/Files/132771/Article_Cicatrisation_par_le_miel-experience.pdf
– Cicatrisation par le miel, l’expérience de 25 années
B. Descottes, Service de chirurgie, CHU Dupuytren, Limoges

– Mémoire de fin d’études en biochimie appliquée – Mlle. LIMAM Katia & Mlle. MEZRARI Keltoum
Évaluation de l’activité cicatrisante d’une formule à base de l’huile de Nigella sativa L et de miel sur des brûlures expérimentales chez le rat