Quand la mort secoue le monde des vivants – les cerisiers apportent légèreté et espoir de changement

Publié le 30 avril 2025 - Paroles de plantes


Dans un monde construit d’illusions, de plaisirs, de possessions Quand tout s’arrête brutalement, chacun réactive les souvenirs de la personne décédée. Toute l’énergie est alors canalisée pour l’accompagner dans sa dernière demeure C’est dans ces moments aussi, que les familles se retrouvent. Elles font parfois l’effort de supporter l’autre, de dépasser les tensions et les divisions. Mais souvent, les émotions débordent, et les comportements révèlent les dysfonctionnements du système. Si la personne n’a pas été claire de son vivant, sur la manière d’être enterrée, sur ses croyances, sur ses besoins. Les traditions familiales, les pressions comunautaires, les exigences extérieures des habitudes du défunt peuvent prendre le dessus.

D’où cette nécessité, d’écrire de son vivant, ses volontés.

Hier, nous avons enterré notre ami de 49 ans, mort d’un avc. IL y a 6 mois, nous enterrions mon beau frère. La mort brutale nous met face au vide. Ce n’est pas toujours facile de laisser partir en paix les défunts ; Et pourtant, leur heure a été décrétée. Ainsi soit il ! A Dieu nous sommes, a Dieu nous revenons. Aucune autre issue n’est possible. Seule nos croyances décident de la suite. Ce que ca laisse en nous : la réfexion sur notre propre mort, et sur le jour de notre fin terrestre. Que voulons nous ? L’avons nous clairement exprimé à nos proches 
Pour ma part, je suis devenue musulmane, dans une famille athée, avec des grand parents catholiques. Pour mes ancêtres, une concession familiale existe à Pornic, là ou mon grand-père est enterré, avec ses parents. A la Toussaint, il était de tradition d’aller visiter les tombes, de les entretenir, de montrer l’emplacement, et la nécessité de prendre le relais. Un rituel de transmission aux plus jeunes. Entre la mort, et la cérémonie, il pouvait se passer des jours. Le mort était alors visible en chambre funéraire. Maquillé, grimé, pour être présentable aux visiteurs. Lors de l’enterrement, nous allions à l’église.Une messe était dite pour les défunts. Nous déposions une fleur, un message, un mot sur le cerceuil. Des témoignages étaient dits par les proches, la famille. J’ai même entendu une fanfare dans l’église ; Nous suivions ensuite le cortège funéraire, hommes et femmes mélangés. Pour être ensemble autour de la tombe, et voir la lourde boite, descendre dans sa cavité. Le noir, couleur de deuil, était plutot de rigueur. S’en suivait le partage d’un buffet, pour rassembler les amis, la famille, les collègues. Et honorer ensemble la mémoire du défunt. Des moments importants, pour se sentir appartenir à une lignée, être ensemble dans la peine, se soutenir.
Pour ceux de la génération de mes parents, qui se sont éloignés des coutumes ancestrales, le choix se porte plutôt vers la crémation. Ils ont rejeté l’église et la religion, et dénoncent son hypocrisie. La première incinération à laquelle j’ai assisté, a été celle de mon oncle Christian, le 25 Avril 1998. Sa mort brutale, nous a tous laissé dans un état de sidération. Ca été un véritable raz de marée pour la famille. Il n’avait pas laissé de oonsignes. Juste un choc et de l’incompréhension. J’étais enceinte de mon deuxième fils. Ma grand mère s’inquiétait pour moi, alors qu’elle était elle même effondrée. Je n’ai pas suivi le cortège..Je suis restée en retrait avec mon mari. Pour ma part, ca été le début de mon chemin spirituel. Je me suis affranchie du regard des autres, pour m’accorder le droit d’être soutenue par Dieu. Et j’ai commencé à poser mon front sur le tapis de prière, pour pleurer, pour m’apaiser, pour lacher prise sur ce que je ne pouvais pas controler. Mon père disait que la religion est l’opium du peuple. Alors que ma mère répétait que c’était un besoin qu’elle n’avait pas. Je respectais leur point de vue. Mais je m’accordais le droit de répondre à mes propres besoins


Le Cerisier est un Enseignant qui transmet la fragilité de la vie. Il vous rappelle combien la vie est fragile et délicate. Pour autant, le Cerisier vous encourage à creuser en vous pour trouver votre essence; C’est là le paradoxe du Cerisier, apprendre à plonger dans les profondeurs pour incarner sa légèreté. Le Cerisier est un symbole fort pour les samouraïs japonais. Le guerrier virtuose du sabre fait le sacrifice du sang et de la chair (la pulpe et le jus de fruit) pour rencontrer la source de son être (son noyau). c’est pourquoi les samouraïs portaient souvent sur le manche ou la garde de leur sabre la sculpture d’une Cerise ou d’une fleur de Cerisier. Dans cet équilibre entre profondeur et légèreté, lorsque le Cerisier vous apparaît dans le tirage, c’est pour vous parler d’honneur, de vos valeurs et des efforts que vous êtes prêt à faire pour vivre une vie pleine de sens. Le Cerisier vous parle d’élégance, de courage, de loyauté. Avez-vous la sensation de vous brider, de vous frustrer ? Avez-vous tendance au contraire à vivre au jour le jour sans vision précise, sans but ? Le Cerisier vous encourage à la fois à vous concentrer sur un objectif fort et à vous laisser porter par le vent du changement, car le Cerisier vous parle de changement, de mort, réelle ou symbolique, de transmutation, de renaissance. Il vous parle de légèreté. Avez-vous tendance à vous alourdir ou à refuser la transformation nécessaire à toute existence et à toute évolution ? Sachez être léger. Sachez faire confiance à la vie en vous, autour de vous, aux processus constants de naissance et de mort, qui vous permettent de vivre pleinement le rôle de votre vie. Qu’il soit question de mutation, de guérison, de profondeur ou de légèreté, le Cerisier le fera toujours avec l’élégance et la nécessaire faculté à élever son esprit par la délicatesse, le tact et la diplomatie. Car le Cerisier vous le rappelle, c’est dans l’élégance et la beauté que l’on peut transmettre les messages les plus impactants. Arnaud Riou dans L’Oracle du peuple végétal (Guy Trédaniel Editeur, 2020)


En octobre 2016, nous avons accompagné ma mère dans la préparation de sa cérémonie. Elle a choisi les photos, qu’elle voulait projeter, les musiques qu’elle voulait diffuser. Elle a presque décidé des couleurs de nos tenues. Elle voulait que ce soit joyeux, coloré. Je portais une robe rouge. Mais j’étais triste. Elle voulait un cercueil en carton. Mais ce n’était pas compatible avec l’incinération, à ce moment là. Elle disait souvent qu’elle voulait qu’on plante un arbre en sa mémoire. Mes amis m’ont offert un olivier en sa mémoire. Qui trone au milieu de mon petit jardin ; Il attire les abeilles, les mésanges, et réjouit mon cœur. La longue maladie et les 3mois d’allitement nous ont donné le temps de tout préparer. Et même si nous ne sommes jamais prêts pour la séparation physique des êtres qu’on aime, nous avons commencé le deuil ensemble en préparant les obsèques. Pas de messe. Mais une cérémonie très émouvante. Des prises de parole qui nous ont fait sourire et pleurer. Le rassemblement des familles, des amis, dans la salle a été pour mes enfants, un moment de légèreté et connexion avec des parts inconnues de la vie de leur mamie. Le deuil a été long pour nous tous. Mais nous étions dans l’acceptation. Evidemment, quand un parent disparaît, ca fait bouger le système familial. Comme si on devait rebattre le jeu de carte, et se réajuster à ces nouvelles places. C’est souvent dans ces moments charnières, que s’installent des pensées, des loyautés, des cristallisations émotionnelles, voire des maladies physiques ou psychiques. Les morts ne sont plus là pour communiquer. Et pourtant,, ils laissent derrière eux des empreintes conscientes et inconscientes. Parfois indélébiles. Qu’il faut du temps pour effacer. Parfois, l’aide de tiers, de thérapies psychologiques ou énergétiques est nécessaire . Les constellations familiales m’ont aidé à comprendre certains bloquages en moi, et à laisser partir ceux qui l’avaient décidé. Avec le temps va, tout s’en va. Comme disait Léo Ferré. Par expérience, tout ne s’efface pas naturellement !


Dans ces allées, bordées de cerisiers et d’azalées en fleurs, je me suis promenée avec légèreté. En ce mois d’Avril, dans le cimetière parc, me sont revenus les souvenirs de mes balades avec mes enfants quand ils étaient petits. C’était un endroit magnifique dans lequel nous aimions nous promener. Je voyais les enfants courir, et s’affranchir des conventions. La vie cotoie la mort. Dans un cimetière, on ne crie pas, on ne court pas ! En effet, c’est un lieu de recueillement. Un espace sacré pour nous rappeler des défunts. Mais nous sommes vivants ! J’avais regardé un reportage sur le cometière du Père Lachaise à Paris. Ils montraient les renards, oiseaux, et autres mamifères, au rtyhme du végétal selon les saisons. C’était saisissant de voir ce monde figé dans des pierres tombales, s’animer la nuit. Le cimetière nous rappelle l’importance de l’instant présent, de l’ici et maintenant. La chance que nous avons de respirer, de nous émerveiller à la vue de ces fleurs. La chance que nous avons, de pouvoir aimer, serrer nos amis dans les bras, de pleurer, de rire. Je me suis sentie emplie d’amour face aux grand chênes majestueux du champ voisin. J’ai aimé la simplicité de cet enterrement. Comme un moment suspendu dans l’éternité. C’est dans ce lieu magnifique que j’aimerai être enterrée.


Ainsi l’a rapporté Ibn Abbas (qu’Allah l’agrée) : « tout mort musulman sur lequel prient quarante personnes n’associant rien à Allah se verra accorder leur intercession (Muslim, Dawud, Ahmad). Ces mérites sont innombrables et méritoires. Il incombe donc à chaque musulman d’accomplir cette prière pour son frère afin que celui-ci soit pardonné avant de rejoindre sa dernière demeure d’ici-bas. Considérons grandement la valeur de cette prière. C’est par son fait que le défunt pourra par la miséricorde d’Allah bénéficier du dernier pardon terrestre avant de rejoindre la demeure qui sera, par sa grâce, la demeure transitoire vers son paradis.
Pour ma part, j’aimerai être enterrée selon les rituels de l’islam, là ou je meurres. J’aimerai être entourée de mes amis muslmans et non musulmans; Et réunir tous ceux qui ont compté pour moi, de mon vivant. Qu’ils puissent trémoigner de la vie, de nos rires, de nos balades, de nos partages. Qu’ils puissent soutenir mes proches, à me laisser partir en paix. Car mon âme est bien plus grande que ce corps humain limité. Que ce soit une rencontre à l’image de mon désir, de faire coexister des mondes différents, et si ressemblant en tant qu’être humains ! Des obsèques dans l’amour et la paix qui me sont si chers. Pour beaucoup de musulmans convertis, les familles ne connaissent pas les rituels. Pour faciliter, il existe des pompes funèbres musulmanes . Il y a encore peu de places dédiées dans les cimetières. Les carrés musulmans nécessitent une orientation vers l’est, et surtout une vraie volonté politique. Jusqu’à présent, la première vague d’immigration musulmane a souhaité être rapatrié et enterrée dans le pays d’origine. Mais les citoyens musulmans français, non rattachés à un autre consulat que la France, n’ont pas d’autres choix, que de rester sur leur terre natale. Certaines étapes sont à respecter pour un enterrement musulman. Lorque la mort est déclarée, le défunt est pris en charge par ses pairs pour la toilette mortuaire. Il ne se passe souvent que quelques heures, entre la mort et l’enterrement. Les vivants lui rendent hommage en disant «  A Allah nous sommes, a Allah nous revenons ». Il est lavé rituellement, parfumé de musc, et entouré d’un linceul blanc. Aujourd’hui, le cerceuil est obligatoire. Alors qu’à l’époque, le corps descendait ainsi en terre. Les fidèles, suite à une prière à la mosquée, sont invités à se réunir pour faire la prière sur le mort : salat janaza. Les non musulmans peuvent y assister. Ils doivent juste oter leurs chaussures, et s’installer à l’arrière de l’espace de prière. Ensuite, le cortège funéraire est mené par les hommes, et les femmes suivent. Une dernière prière est prononcée, et des invocations pour le défunt sont prononcées. Rendre visite aux tombes est fortement recommandées aux croyants. Pour réunir les proches, les familles, les amis, une sadaka (aumone) peut être faite sous forme de buffet ou de repas. La plus bienveillante des attentions est de participer à l’organisation de ce temps avec la famille, pour la soulager. Et rien n’est obligatoire !
Qu’Allah nous fasse à tous miséricorde dans cette vie d’ici-bas. Nos proches, nos frères, les vivants comme les morts. Qu’il nous illumine de sa lumière dans nos tombes. Qu’elles soient pour nous un havre de paix et non un supplice avant-gardiste de l’enfer, avant de rejoindre son paradis ultime par sa clémence et sa mansuétude. Et par sa grâce incommensurable, Al Janatoul Firdaws, et sa vision. Car il n’y a pas plus belle récompense que la vision d’Allah. Et enfin, qu’il nous accorde une belle fin par sa grande magnanimité sans laquelle, rien ne serait possible.


A chacun ses croyances, ses rituels, ses traditions. Le plus important, est de prendre ce temps d’au revoir, pour faire son deuil. Quelque soit la forme que cela prend. J’ai apprécié la prise en charge des obsèques de mon cousin, par la coopérative funéraire. Car il y a des moments ou la séparation est tellement insoutenable, qu’elle ne laisse plus de force et d’énergie, ni pour réfléchir, ni pour organiser. L’organisation des obsèques nécessite de l’écoute ; nous prendrons le temps, au rythme qui vous convient, de vous accompagne. Dans le respect de vos croyances, de vos valeurs, de votre philosophie de vie, de votre culture, dans un lieu de votre choix, au rythme qui vous convient, ensemble nous organiserons ces moments de célébration pour honorer la mort et célébrer la vie. Dans toutes les civilisations, la mort est célébrée. Car elle fait partie de la vie ! Notre volonté de contrôle du corps, de prolongement de la jeunesse, de l’évitement des maladies, de la poursuite de l’immortalité, ne feront pas disparaître, la finitude du corps. A moi, la maladie, la mort, me rappelle d’aimer chaque instant. De vivre l’instant présent. De célébrer la vie et le vivant. Pour n’avoir aucun regret avant de partir ! Dans cette allée, j’ai pû admirer les cerisiers en fleurs.


La fleur de cerisier, éphémère et fragile, bientôt emportée par le vent, symbolise aussi au Japon une mort idéale, détachée des biens de ce monde, et la précarité de l’existence. De la famille des prunus, cette fleur délicate de ceriser, peut s’infuser, Elle a un léger goût d’amande quand vous la manger fraiche. Le sakuracha est un thé vert parfumé à la fleur de cerisier. Ce thé vert parfumé à l’amande, fleur de cerisier et à la rose est un aller direct pour le Japon et la période de la floraison des sakura, les fameux cerisiers japonais.


Promesse de fruits juteux, et espoir de jours meilleurs
« Tous les fruits, y compris ceux que nous ne jugeons pas comestibles, sont produits pour conserver les graines et, en principe, attirer les animaux. S’en nourrir équivaut, dans la plupart des cas, à manger aussi ces graines et à les emporter loin de la plante qui les a engendrées, pour les expulser ailleurs. Et c’est là une des manières les plus efficaces de garantir leur propagation. Stefano Mancuso et Alessandra Viola, auteurs de L’Intelligence des plantes (édition originale 2013 ; traduction française Albin Michel 2018),
Sylvie Verbois, auteure de Les arbres guérisseurs : Leurs symboles, leurs propriétés et leurs bienfaits(Éditions Eyrolles, 2018) transcrit le message que lui inspirent les arbres : Mot-clé: Guérir des blessures intérieures. Élément :Terre ; Feu.Émotion : Peur ; Colère.Vénéré pour ma beauté, mes fleurs et mes fruit si délicieux, j’offre à votre cœur blessé mon cœur rouge et juteux pour vous enrichir d’amour. Je vous ramène en vie tout en douceur et en fraîcheur. Je saigne, laissant s’écouler les souvenances passées, la lourdeur des réminiscences. Je soulage vos reins de la pesanteur des appréhensions. Je suis l’arbre aux sentiments, et les sentiments amoureux, je ne les connais que trop bien. Buvez une infusion de mes fleurs de cerisier et vous connaîtrez le bonheur. N’oubliez pas d’attacher une mèche de cheveux à une de mes branches en fleurs, votre amour sera infini, car je suis vie éternelle. Mes fruits sont fruits de la promesse, de la pureté, de la prévenance et de la bienveillance, accompagnant votre cœur à délivrer le bonheur enfoui en vous.