Badiane – Illicium verum – Schisandracées – fruit
Que dire de cet arbre venu de Chine, probablement ramené dans les fameux voyages de Marco Polo ?
Il aime le climat tropical de la région du Tonkin : humide, chaud, et arrosé par la pluie des moussons. En France, on pourrait l’acclimater en pot, dans une serre, pour le protéger des froids qu’il ne supporte pas au delà de -5°. Il s’élève à 8-15m de hauteur s’il n’est pas taillé régulièrement. Son tronc est blanc, et l’arbre prend une forme pyramidale. IL vit en moyenne de 80 à 100 ans. Ses fleurs blanches, jaunes sont magnifiques, en forme d’étoiles. Ses fruits apparaissent sur des arbres de 10 à 15 ans de maturité. Ils ont 8 lobes, leur donnant la forme des branches d’une étoile.
Mon expérience sensorielle de l’infusion de Badiane
1er contact avec l’étoile de badiane – odeur forte, puissante, anisée un peu écoeurante, qui monte à la tête, et qui descend dans le ventre – Eructation. Un goût frais s’installe au fond de la gorge, sans l’avoir gouté. Juste par le parfum – descend dans la gorge – pour s’installer sur le plexus et dans le ventre. Tout se passe au centre du tronc.
Apparence en étoile, en forme de fleur. Se détache facilement du centre pour former plusieurs pétales en relief. Une fente dans la pétale donne accès à la graine. C’est assez curieux, ce trésor à demi dévoilé. Plusieurs épaisseurs pour protéger la graine, et la dissimuler.
Au toucher, c’est comme un écaille, une carapace. Rugueux, angulaires. Un peu comme l’araucaria, le désespoir des singes, que j’ai approché hier dans le domaine de challonges à Héric.
Infusion – je mets une étoile d’anis étoilé dans ma tasse. Je la couvre d’eau chaude. Et je la laisse infuser 20 bonnes minutes. Il faut prendre le temps d’observer sa beauté dans l’eau, avant de pouvoir la gouter.
Je bois l’infusion sans la filtrer. Et de morceaux me viennent en bouche. Je prends conscience du côté Bois, ligneux de cette plante. J’en fais des gargarismes dans la bouche. C’est doux, sucré, comme la réglisse. Je caresse les paumes de mes mains, l’une contre l’autre. Je me connecte à la douceur.
Troubles de la sphère gynécologique : oligoménorrhée, favoriser la montée de lait chez la femme qui allaite, ménopause ***
C’est le matin. Je me suis enveloppée dans mon poncho en laine, par dessus mon pyjama. Je me suis isolée, pour vivre ce moment d’herboristerie sensorielle. Dans l’intention de rejoindre l’expérimentation de mes amies, à laquelle je n’ai pas pû me joindre hier. Dans cette position en tailleur, je réalise que mes cervicales sont tendues. De légers mouvements de tête font craquer mes petits os, j’entends les micros crystaux autour des oreilles tintiller. Comme un collier de perle défait que l’on ferait rouler d’un bord à l’autre. Avec délicatesse, car je sens que cela pourrait devenir vertigineux.
Troubles locomoteurs : fatigue musculaire et articulaire, contractions musculaires douloureuses, douleur dorsale, rhumatismes***
Quand cette partie du corps s’est fluidifiée, je peux sentir un rond central sur mon sternum, au niveau du thymus. Connecté à un point entre le foie et la rate, juste en dessous du plexus solaire. Je déglutis. Je remonte vers le point central du front. Je m’élève vers le haut de mon crane. Comme si je déroulais les différentes perles de mon axe vertical. Pour m’aligner pleinement, et me sentir connectée à la lumière. Mes jambes relâchent leur tension musculaire. Je goute à la quiétude., à la sérénité du moment
Troubles de la sphère gastro-intestinale : inappétence, atonie digestive, digestion lente, indigestion, flatulence, gaz et fermentation intestinale, météorisme, ballonnement, aérophagie, aérocolie, spasmes gastro-intestinaux, contractions gastro-intestinales douloureuses, crampe d’estomac, gastralgie, entéralgie, entérocolite, dyspepsie, colique, nausée, vomissement d’origine nerveuse, éructation ***
J’observe dans mon dos, les frontières de ma cage thoracique. Et je me rappelle qu’elle renferme de précieux trésors : mon cœur et mes poumons. Les organes essentiels à ma survie, au bon fonctionnement de ma machine corporelle. Je me sens pleine de gratitude. Alors que la pénombre est encore présente, je perçois des rayons lumineux
Troubles de la sphère respiratoire : encombrement des voies respiratoires, asthme, bronchite asthmatiforme, toux spasmodique ***
Mon système digestif est en mouvement. Je rote. Mes intestins gargouillent. Je me sens ancrée et paisible. Plusieurs heures après ma dégustation, je sens la fraicheur et le pétillement en bouche. Cela me donne une indication sur l’aspect tonique et stimulant de la plante.
Lorsque je me connecte à l’expérience des mes sœurs herboristes, je souris de la ressemblance de nos ressentis. C’est ce qui m’étonne dans chaque partage.
Vertus médicinales : stimulants, toniques, vermifuges, stomachiques
Affinités avec le système digestif : Antispasmodique digestif. Contre les troubles digestifs accompagnés de crampes, ballonnements, flatulences. Pas d’utilisation prolongée chez la femme enceinte en particulier. Huile essentielle contre-indiquée chez la femme enceinte. L’utiliser en combinaison avec d’autres plantes.**
En énergétique chinoise, le doux sucré
Tonifie la Rate
• Aide la digestion
• Nourrit l’organisme
• Humidifie
Bénéfique lors des changements de saisons, car cette saveur favorise les transitions
Toxicité de l’anéthole
L’huile essentielle du fruit frais contient 80 à 90% d’anéthole – Ce qui fait d’elle une tonique et excitante à petite dose, et surtout toxique à dose élevée. A utiliser avec précautions !*
Ces fruits en forme d’étoile sont cueillis verts, et renferment une huile essentielle qui peut s’avérer toxique à haute dose. Mais faisons confiance à notre corps, qui n’a pas non plus envie d’une grande quantité, en raison de l’aspect vite écoeurant. C’est en les faisant sécher sur des claies au soleil qu’ils prennent une coloration brun-rouge
Christophe Bernard nous décrit ainsi la toxicité del’énsi vert : Pour Foussagrives, il suffit d’en introduire quelques gouttes dans l’estomac de chiens de diverses tailles, pour déterminer chez ces animaux des accidents quelquefois foudroyants. Bouchardat avait déjà prouvé que 2 gouttes dans 1 litre d’eau suffisent pour tuer un grand nombre de poissons. Une dose un peu plus forte fait périr les grenouilles, les salamandres, etc.(2). *****
Du point de vue énergétique et symbolisme
Brûlé en encens, ou placé sur les autels, chaque étoile fait alors office de rose des vents, orientée vers les points cardinaux. Ce fruit considéré comme porte bonheur, permettait de décharger des forces occultes.
Books of dante a très bien décrit ses usages, en ces mots : l’attraction dont il a fait l’objet s’entend toujours au travers de son nom latin, illicium, qui signifie « appât » et par extension « séduction ». Plus féminine que masculine, la badiane peut accompagner les rites de prospérité et de fertilité en favorisant les grossesses. Si elle intervient sur l’amour, elle peut également être employée pour favoriser la chance dans les jeux de hasard et les rêves prémonitoires. Et si l’on n’y parvient pas, une poignée de badianes glissée sous l’oreiller permet d’assurer un sommeil calme et paisible, ce qui n’est déjà pas si mal lorsque celui-ci se dérobe. Enfin, la badiane permet de dissoudre certaines nœuds énergétiques, de purifier une pièce et de se protéger du mauvais œil.
Du point de vue purement poétique, je trouve que cette solution qui se trouble au contact de l’eau, et qui reste transparente à l’état pur, me fait dire que : pour trouver son chemin, se repérer, on peut faire confiance à la rose des vents, véritable boussole intérieure. L’anis étoilé, dans sa graine dissimulée, touche les profondeurs du coeur et de l’être. Elle se consomme avec modération, et se trouble au contact de l’eau.
Mes souvenirs du pastaga – Lorsque j’étais jeune, et que nous partions dans le Pyrénées, pour skier, les adultes faisaient toujours une escapade à Andorre. Ils ramenaient des petites fioles de badiane distillée, pour fabriquer eux mêmes leur précieuse boisson : le pastis. Ils étaient comme des enfants qui avaient bravé et contourné l’interdit français. L’été, quand je travaillais comme animatrice dans le camping du Grand Corseau, sur la côte vendéenne, la pause pastaga était incontournable. Personnellement, je trouvais le goût et l’odeur très écoeurante. Et cela me préservait des abus. A la fin de la saison, on décomptait les cadavres de bouteille, à celui qui aurait le plus consommé de ces liqueurs enivrantes. Je me demande comment ils ont pû résister à la toxicité de l’anéthole, sans devenir dingues. Car je vous confirme, que c’était à haute dose !
Le pastis est une boisson au goût anisé, servi en France en apéritif, pur, dilué ou comme base pour cocktail. Il est particulièrement apprécié pendant les chaudes journées d’été. Tout autour du bassin méditerranéen, des boissons semblables existent sous les noms d’ouzo en Grèce, de raki en Turquie, de sambuca en Italie ou encore d’arak au Liban.
Mais une chose m’a toujours questionnée. Pourquoi le pastis, le raki, l’ouzo se troublent ils au contact de l’eau. Et là, je suis tombée sur des recherches scientifiques très sérieuses, m’expliquant la cause. Vous êtes prêt à embarquer dans le monde de la chimie.
Pourquoi la solution se trouble t’elle ?
Je vous laisse lire des extraits de cette recherche de la société chimique, pour mieux comprendre.
La principale molécule aromatique du pastis, le 1- méthoxy-4-(1-propenyl)benzène, plus communément appe-lée anéthol*, est naturellement présente dans l’anis étoilé, le fenouil ou la badiane (figure 1). Elle est connue depuis l’Anti- quité pour ses vertus thérapeutiques et digestives et est éga-lement utilisée comme parfum. Dans la bouteille, la quantité d’eau est suffisamment faible pour que l’anéthol reste soluble dans le mélange (zone 1 de la figure 2). L’ajout d’eau en préparant la boisson entraîne immédiatement la formation spontanée d’une émulsion de gouttelettes d’anéthol dans un milieu continu d’eau et d’alcool (zone 2 de la figure. Lorsque la lumière touche un objet, elle excite les électrons, qui entrent en oscillation et rayonnent. Dans un milieu parfaitement homogène, sans variation d’indice de réfraction, le milieu apparaît transparent et la lumière n’est visible qu’en regardant dans la direction du faisceau incident. Si le milieu contient des hétérogénéités dont la taille est de l’ordre de grandeur de la longueur d’onde de la lumière (400-800 μm pour le visible), la lumière est diffusée dans toutes les directions de l’espace et le milieu apparaît
trouble. Comme les nuages dans le ciel, les phares dans le brouillard ou le lait, un verre de pastis prend cet aspect laiteux parce qu’il contient des hétérogénéités dont la taille est proche de la longueur d’onde de la lumière incidente. *****
Sources d’inspiration : *https://www.persee.fr/collection/jatba – Auguste chevalier ; journal d’agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, 1943 – ** Materia Medica, école canadienne d’herboristerie Floramedicina – *** BOOKS OF DANTE – la badiane en magie – Luminessens**** – *****Althea provence, christophe bernard, anis vert – ****** http://99.80.14.110:8080/societe_chimique/wp-content/uploads/2019/12/2005-289-aoutsept-Grillo-p.41.pdf