Hier, j’ai participé à une formation en permaculture organisée par l’association Cwest, et animé par Environnement Solidaire. Le parcours d’Abdel, notre formateur, est atypique, et source d’inspiration. Il a fait partie de ces « mauvaises herbes », ces adventices, coriaces et déterminées à pousser, dans un environnement qui ne leur convient pas vraiment. Du coup, comme le chiendent, ou le liseron, il a analysé son terrain, expérimenté ses limites, dépassé les cadres, emmerdé le monde. Jusqu’au jour, ou l’intelligence de ses parents l’ont amené à rencontrer les vers de terre. Un nouveau monde s’est ouvert à lui, venant faire vibrer le sens de son existence : c’est le monde vivant du sol et de la terre ! 25 ans plus tard, c’est toujours animé de cette passion, qu’il transmet ses connaissances à tous ceux qui acceptent de s’émerveiller avec lui ! Cet homme généreux, résilient est déterminé à transmettre aux populations des quartiers, son expérience. Et recréer du lien social autour de la terre, du vivant, de la permaculture. Je vous invite à découvrir Environnement Solidaire et toute l’équipe qui se cache derrière.
Et si je vous dis, que les vers de terre pourraient être en voie de disparition. Ca ne vous émeut pas ? Et pourtant, ça le devrait ! Dans les années 70, on pouvait dénombrer 2 tonnes de lombric par hectare. Une étude portée le Cnrs et de multiples partenaires, démontre aujourd’hui, qu’il ne reste plus que 200 kg de lombric par hectare. Tout cela lié à la dégradation de nos sols, à l’agriculture intensive, au labourage profond, à la détérioration des différentes strates. Si demain, les vers de terre n’existent plus, c’est le complexe argilo humique qui s’effondre avec lui. En mots plus simples, ce serait la disparition de nos sols vivants, et de la biodiversité.
En homme moderne, et urbain, vous vous dites que ce n’est pas grave. Vous allez au supermarché acheter vos légumes et vos fruits. Vous ne savez peut être même pas comment ils poussent. Vous ne savez pas si c’est une racine, un fruit, un arbuste. Les cours de biologie ne vous ont pas passionné à l’école. Et vous vous êtes plutôt intéressés, aux réseaux informatiques, au réseaux routiers, ou à l’immobilier, ou à la gastronomie. Vous appréciez la nature modérément, car elle provoque chez vous, des allergies aux pollens, vous fait éternuer, ou vous confronte à vos peurs, des insectes, des abeilles, des vers de terre, de se salir. Alors vous y passez en courant, pour faire votre jogging, votre marche nordique, ou votre VTT…mais vous n’avez jamais pris la peine de vous y arrêter, et de méditer sur son importance. C’est une réalité de notre monde moderne où tout va vite, où tout s’enchaine, où tout se bouscule. Metro, boulot, dodo…. comme des robots, nous mangeons et nous nous activons machinalement, sans prendre le temps de ralentir. Au point d’entendre les enfants me dire, que s’allonger dans l’herbe, c’est pour les pauvres ! Que des femmes craignent plus les chemin boisés que les cages d’escalier.
Car oui…. pour observer la nature, rien ne sert de courir ! Il faut s’arrêter, observer, décortiquer, interroger, être curieux, ressentir.
Comme Abdel aime le répéter : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ! » – Lavoisier. La règles des 3R d’environnement solidaire, implique de réparer, recycler, réemployer. Nous n’avons rien inventé. Juste observé les lois de la nature, et nous nous en sommes inspirés. J’aime ouvrir grand mes yeux sur les plantes et les arbres, et les rencontrer comme de nouveaux amis. Chaque jour, de nouvelles informations viennent compléter ce puzzle minutieux, d’interconnexion des mondes. Le système racinaire des arbres est un labyrinthe complexe, qui s’enracine à l’horizontal, à la verticale, pour toucher la roche mère minérale, et l’effriter. Ce sont ces minéraux qui vont nourrir nos sols, nos plantes, nos légumes, et nourrir nos corps. Jusque là, vous me suivez ?
Au dessus de cette roche mère, se trouvent 3 types de vers de terre, agissant chacun dans une strate particulière. Un peu comme pour notre peau, qui comprend 3 couches, de la plus profonde à celle de surface : hypoderme, derme, épiderme.
Le plus connu, le lombric, vit dans la strate la plus profonde, dans la strate anécique. Il creuse des galeries verticale, 2m sous terre, pour se nourrir en surface. Il fait ses provisions de feuilles, de débris organiques, qu’il mélange à la terre, et qu’il stocke au fond de sa galerie. Il dépose gentiment ses excréments sur le sol, en forme de turricules. Imaginer l’aération dans ce sol sombre et compact la possibilité de ruissellement de l’eau, et la fertilisation des plantes. Mais ce n’est pas fini !
Ils sont assistés par d’autres vers de terre de la strate endogés. Eux travaillent horizontalement. Ils ne sortent pas de terre. Ils creusent aussi de profondes galeries, et se nourrissent des matières organiques des lombrics. Magnifique !
A la surface, dans la strate épigée, on trouve les vers de compost qui se nourrissent directement des matières organiques et des végétaux en décomposition. Ce sont des décomposeurs. On les trouvera également dans les excréments des grands herbivores. Ils sont très nombreux mais aussi très prisés, par les oiseaux, les pêcheurs, et autres prédateurs.
Alors vous comprendrez aisément, que le travail de la terre, des labours au tracteur, va venir perturber ce sage et paisible équilibre. Il va détruire le travail du sol des vers de terre, et à long terme, détruire ce savant mélange d’argile et d’humus. La terre va se compacter, s’épuiser, et mourir. D’où la nécessité, de s’inspirer des cycles naturels et de les imiter. L’hiver sert à nourrir les sols. La décomposition des feuilles et des branches, la carton apportent du carbone. Les déchets organiques, récupérés sur les marchés, dans nos poubelles, forment une base solide de nourriture pour les vers de terre, qui vont labourer. Au printemps, il faudra juste aérer un peu, creuser des trous dans une terre meuble, pour installer ses plants. Cercle vertueux de réutilisation de nos déchets, de préservation des vers de terre, et garantie de légumes chargés en oligoéléments, minéraux, nutriments nécessaires à notre bonne santé. Sans parler de nos merveilleuses plantes nutritives, ces « mauvaises herbes », qui sont une grande source de phytotnutriments : trèfle, ortie, plantain …
Ce cours m’a tout de suite ramené à mes cours sur le système digestif et l’importance du microbiote intestinal (terre interne). Le microbiote intestinal est un réseau de bactéries, ensemencés dés notre naissance, en passant par la terre vaginale de notre mère, son lait maternel, par l’exposition aux bactéries environnementales. L’homme moderne aseptise sa maison, utilise des antibactériens pour nettoyer ses surfaces. Il ne supporte pas que son enfant mette la terre à la bouche. C’est sale ! Il ne l’emmène plus patauger dans les flaques d’eau, se rouler dans la paille, ou partager son verre avec les copains. Et s’il savait ! Que c’est par cette exposition à une grande diversité de bactéries, que son enfant va fortifier ses défenses immunitaires. C’est ainsi qu’il se fragilise, et qu’il développe de l’hyperperméabilité intestinale, des allergies, voire des inflammations chroniques. S’il n’en prend pas soin, il inscrit ces fragilités dans son capital génétique. Il transmet ainsi, un terrain fragilisé à ses futur descendants.
Alors comme la terre, que l’on veut garder sol vivant, il convient de s’intéresser à notre microbiote intestinal, que l’on veut garder diversifié et vivant. Cela fera l’objet d’un nouvel article, tant il y à dire sur la question !